Lectures féministes 1

Je me suis plongée dans ma bibliothèque du côté des livres féministes datant des années 70. Je vais y choisir quelques extraits qui nous permettent de revenir sur les relations amoureuses entre les femmes et les hommes, relations construites dès l’enfance avec le mythe du Prince Charmant.

Aujourd’hui je vais citer l’ouvrage de Georges Falconnet et Nadine Lefaucheur : La fabrication des mâles, publié aux Editions du Seuil en 1975. J’ai choisi de vous en faire connaître un extrait concernant la conception de la place de l’amour dans la vie.

« La véritable ligne de partage entre les idéologies amoureuses masculine et féminine n’est pas tant la croyance au mythe du Grand Amour, que l’importance accordée aux relations amoureuses par rapport à la vie professionnelle et publique . Les hommes en effet, qu’ils vivent en séducteurs « libres » ou en couple, qu’ils cherchent ou refusent le Grand Amour, qu’ils privilégient le sexe ou au contraire les sentiments, en fin de compte se retrouvent d’accord pour ne pas faire de leurs rapports amoureux le but de leur existence, contrairement à ce que la société exige des femmes.

On trouverait bien peu d’hommes qui aient, autrement que de façon épisodique, abandonné leur désir de carrière, de promotions et de réussite sociale, au profit de leurs rapports avec les femmes. Et de ceux -là on peut dire qu’ils ont vraiment adopté une attitude féminine devant l’amour. »

La question que je me pose et que je vous pose , c’est : « Est-ce que, après 45 ans et avec l’épidémie due au (ou à la) covid, on ne commence pas à voir apparaître ce nouvel homme?

Relire « Le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir

« Il est difficile à l’homme de mesurer l’extrême importance de discriminations sociales qui semblent du dehors insignifiantes et dont les répercussions morales, intellectuelles sont dans la femme si profondes qu’elles peuvent paraître avoir leur source dans une nature originelle. L’homme qui a le plus de sympathie pour la femme ne connaît jamais bien sa situation concrète. Aussi n’y a-t-il pas lieu de croire les mâles quand ils s’efforcent de défendre des privilèges dont ils ne mesurent même pas toute l’étendue ».

Voilà comment Simone de Beauvoir présente le fossé entre les hommes et les femmes et l’incompréhension inévitable entre eux. La notion de « méconnaissance » en analyse transactionnelle en rend bien compte . IL s’agit ici et de la méconnaissance des stimuli (les discriminations ne sont pas identifiées par les hommes car ils ne les subissent pas ) et de la méconnaissance de leur signification (leurs conséquences sur la vie des femmes ne sont pas identifiées).

Mémoire oubliée de l’esclavage

J’enchaine sur l’intervention de Céline Calvès sur facebook à propos de la commémoration de la mort de Napoléon, l’homme qui a rétabli l’esclavage que la Convention avait aboli.

Entre abolition de l’esclavage à la révolution et rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802, que lire sur cette période ?

  • le grand roman d’Alejo Carpenter : Le siècle des lumières raconte l’installation à la Guadeloupe, reconquise sur les Anglais, du nouveau commissaire Victor Hugues, qui proclame l’abolition, votée par la convention montagnarde, mais sans appliquer une réelle libération des esclaves qui doivent continuer à effectuer un travail « forcé » sur les plantations. Il mène une guerre de course sans réussir à reprendre les autres îles. La Martinique, occupée par les Anglais entre 1793 et 1802, reste à l’écart de la mesure. Je me souviens du passage où Victor Hughes sur le bateau qui l’amène contemple la guillotine, instrument sinistre du pouvoir du commissaire de la république en cette période de guerre contre le reste de l’Europe.
  • Le beau livre d’André Schwarz-Bart : La mulâtresse Solitude récit de la vie d’une « femme debout » contre le rétablissement de l’esclavage, comme l’a signalé Céline Calvès.
  • Sans oublier Simone Schwarz-Bart, sa femme, auteure de Pluie et vent sur Telumée Miracle.
  • Pour entrer dans le monde antillais, lire un roman de Joseph Zobel, la rue case nègres. Il y a là un récit d’une veillée funèbre scandée par les chants qui est splendide, magique. On y découvre que la période de l’esclavage est plus proche qu’on ne le croirait quand on mesure le temps par génération : si ton grand-père t’a raconté ce que son grand-père lui racontait , on y est presque !

L’amitié est-elle soluble dans le covid ?

Je vous propose l’analyse d’une situation de conflit à partir de l’article de Zineb Dryet dans Le Monde des 4,5,6 avril 2021  : L’amitié est-elle soluble dans le covid ? Il porte sur les relations amicales, mises à rude épreuve par les restrictions qu’impose la crise sanitaire. Je le résume ci-dessous avant de le commenter.

Une amitié de plus de 20 ans pour Julie et Sofia (37 ans ). Sofia est partie avec sa famille en Normandie où elle a une maison au bord de la mer. Julie est restée à Paris dans son petit appartement. Au début elles s’écrivent beaucoup , échangent des nouvelles. Julie plaisante sur « l’exode »  de Sofia qui fait l’école aux enfants dans le jardin et améliore sa recette de tarte aux pommes. Elles finissent par se disputer, Sofia ne supportant plus l’ironie de Julie et Julie la situation privilégiée de son amie. Elément à prendre en compte : c’est une amitié ancienne fusionnelle, avec fous rires, confidences, régressions. Lire plus loin

Un atelier sur les contes de fées

J’ai fait mon premier atelier sur l’influence des contes de fées sur notre imaginaire lors du congrès international d’AT à Paris en l’an 2000. Depuis j’y suis souvent revenue. Cette fois c’est à propos de la construction du genre dans une société restée patriarcale à bien des égards. Comment les femmes sont-elles invitées à vivre et à aimer? Telle est la question.

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