Quel est le sens d’être analyste transactionnel aujourd’hui ?

Le colloque d’AT  organisé à  Louvain-la-neuve, le 12 novembre 2011, présentait quatre ateliers visant à réfléchir avec le public au sens que peut prendre le choix d’être analyste transactionnel aujourd’hui.

Je partagerai avec vous ce que j’ai retenu d’essentiel dans ces interventions, tout en faisant le lien avec mon expérience de formatrice, de superviseur et de coordinatrice des examens écrits pendant 10 ans, ainsi que de membre active de plusieurs associations d’analyse transactionnelle depuis trente ans.

 Je place en premier la réflexion apportée par Marco Mazzetti, le président de la commission de certification de l’EATA sur les examens écrits de certification et la manière d’en améliorer la correction.

Etre analyste transactionnel suppose en effet d’avoir réussi l’examen écrit et l’examen oral. Mais, alors que la formule de l’oral est considérée comme une réussite, l’examen écrit est souvent contesté.

Nous avions vu en 2010 lors des examens à Paris combien les cadres de référence de l’analyse transactionnelle pouvaient être différents. Nous avions distribué un schéma élaboré par Adrienne Lee en juin 2001 présentant 11 orientations possibles de l’AT pour soigner les gens,  de l’AT classique au travail sur le corps et à la voie de la spiritualité. On comprend la difficulté du correcteur qui est seul devant un écrit pour juger de la pertinence de celui-ci. Dans l’hésitation, il peut refuser l’examen et obtenir d’en discuter avec un autre correcteur. Faut-il pour autant passer à une double correction systématique ? Les droits payés par les candidats pour l’examen n’y suffiraient pas. Par ailleurs le processus de correction serait alourdi et il deviendrait impossible de trouver des correcteurs motivés. Mon expérience m’a montré que les doubles corrections réclamaient plus de travail et beaucoup d’énergie.

La solution choisie par l’EATA est d’envisager une formation pour les futurs correcteurs.

 Une fois qu’une personne a obtenu le titre de certifié en analyse transactionnelle, si elle n’a pas l’intention de devenir formatrice et superviseur, rien ne l’oblige à adhérer à une association d’AT. Or c’est l’association qui réclame à ses adhérents l’engagement à respecter le code éthique de l’EATA et les règles de la déontologie. Un assez grand nombre de certifiés cessent d’adhérer à leur ancienne association, marquant ainsi leur retrait et leur réticence à appartenir à la communauté professionnelle des analystes transactionnels. Pour eux le respect de l’éthique devient une affaire personnelle. Pour leurs clients aucune instance institutionnelle à laquelle se référer en cas de dérive, aucune triangulation. Le problème est récurrent.

Il n’est pas non plus facile de vérifier si un professionnel qui se dit analyste transactionnel l’est vraiment, à moins qu’il ne soit inscrit comme tel dans une association qui, elle, a obtenu une preuve et un engagement. Je ne pense pas que l’EATA puisse répondre à une demande concernant le titre de quelqu’un qui n’est plus adhérent.

Isabelle Taquin dans l’intervention dont l’intitulé est : « Un code éthique : une manière d’avoir bonne conscience ? » s’intéresse aux adhérents des associations qui s’investissent ou non dans la vie démocratique de l’association et y prennent ou non des responsabilités. Ces personnes prennent un engagement éthique et déontologique et acceptent l’intervention du comité éthique à propos de leur pratique si elle est contestée.

Quel doit être le rôle de ces comités éthiques, selon Isabelle ? Elle les voit comme des cellules psychologiques au service des personnes victimes « d’accidents relationnels » (la formule pour désigner ces événements est proposée par une des participantes et je la trouve très heureuse), plutôt que comme des organismes jugeant et sanctionnant les comportements  non conformes à l’éthique (nous avons vu dans le passé la limite d’instances jugeantes dans les associations). Isabelle s’intéresse à ce qu’elle appelle un flottement éthique où l’on se trouve dans une zone aveugle de son scénario. Il s’agit d’aider les praticiens à mettre en mots ce qui s’est passé pour eux lors de ces accidents relationnels et d’identifier l’espoir qui était derrière ce qu’on a fait, afin de voir quelle médiation est possible. Le pouvoir du comité éthique serait de permettre de communiquer à nouveau.

Marco Mazzetti nous invite à ne pas confondre les mauvais comportements avec les difficultés dans le travail qui relèvent, elles,  d’une compétence insuffisante. Prévenir les problèmes en réfléchissant aux cas où nous avons eu des difficultés avec nos patients est important. Cela revient à prendre conscience de la zone aveugle de notre scénario et suppose qu’on continue à se former et à se faire superviser.

Jacques Moreau en posant la question : « Moi, Analyste transactionnel ? » aborde le domaine de l’appartenance. Qu’est ce que cela signifie aujourd’hui ? Il invite les participants à s’interroger : Pourquoi ont-ils décidé de devenir certifiés et pourquoi ne l’ont-ils pas décidé ? La réponse est souvent de boucler une boucle ou de pouvoir se sentir relié à ses pairs.

L’appartenance permet à chacun de parler depuis sa place au sein du groupe. Ce groupe qui affirme ses valeurs répond à un besoin de triangulation. L’engagement dans la communauté professionnelle permet de bénéficier de l’héritage des anciens et d’assurer la relève.

La quatrième intervention était celle de Claudine Pauwels : « Quand l’analyse transactionnelle rencontre la spiritualité ».  Il existe une grande diversité dans notre communauté professionnelle ce qui rend précieuses l’entente et la coopération que nous savons mettre en place entre nous.

Agnès Le Guernic, T.S.T.A.E.

28 novembre 2011

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