Comment créer des liens et les entretenir

 

 

Lors du prochain Café AT, je vous propose d’explorer avec moi les espaces de rencontres à notre disposition pour éviter l’isolement et dire non à la  solitude en cultivant les liens avec les autres. En complément de la question d’Eric Berne: « Que dites-vous après avoir dit bonjour ? », je pose la question « A combien de personnes dites-vous bonjour chaque matin et à qui ? »

Pour comprendre pourquoi certains ne pensent même pas à dire bonjour, il faut prendre en compte les apprentissages relationnels de l’enfance et de la jeunesse qui nous ont conditionné(e)s.

Où trouver les ressources pour lutter contre l’isolement ? D’abord dans les groupes d’appartenance dans lesquels évolue chaque être humain :

  • sa famille d’origine ou ce qui en a tenu lieu,
  • ses amis,
  • ses divers milieux professionnels,
  • la vie amoureuse et le foyer.

Chacun de ces lieux a des spécificités dont il vaut mieux connaître les codes et le fonctionnement. A chacun de découvrir ce qui compte le plus pour lui (elle) pour pouvoir accéder aux joies de la compagnie sans renoncer à la liberté que donne une certaine capacité à se ménager des moments précieux de solitude.

Ce livre est un ouvrage de développement personnel qui utilise l’AT.

Dire bonjour

Le problème de la solitude pèse lourd dans notre société de plus en plus individualiste. C’est sans doute le prix à payer pour avoir échappé au contrôle social étouffant des sociétés traditionnelles. Il n’empêche que nous ne sommes pas seuls, à aucun moment. Depuis notre naissance nous vivons dans des groupes plus ou moins nombreux où nous ne sommes jamais vraiment seuls. Et nous ne pouvons pas survivre sans les autres membres du groupe. A l’inverse des autres mammifères, un bébé humain dépend entièrement des adultes qui l’entourent et prennent soin de lui pour assurer sa survie. Il a besoin d’être nourri, porté, touché, caliné pour pouvoir atteindre l’âge où il devra à son tour prendre en charge avec d’autres le renouvellement des générations.

Mais peut-être, sans être jamais totalement isolé, avons-nous quand même l’impression de l’être. Nous disons alors : je suis seul, je n’ai personne, ou je n’ai que toi, ce qui pose d’autres problèmes ! Mais pour quoi faire ? Pour m’aimer ? Pour m’aider ? Pour s’occuper de moi ? Ou pour converser, s’aimer, travailler et donner un sens à sa vie ?

De quoi parlons-nous dans ce cas? Du sentiment de solitude. Il peut venir des manques de notre vie : manque d’êtres chers, disparus ou vivant au loin, manque d’affection et d’amour ou seulement insuffisance de signes d’attention. Il peut venir aussi de l’impression d’être différent, incapable de s’intégrer dans un groupe faute d’avoir appris à le faire dans le monde où nous avons grandi. Ce sont ces manques qu’on peut combattre, ces vides qu’on peut apprendre à combler, ces apprentissages qu’on peut faire, comme l’analyse transactionnelle nous y invite et nous l’apprend.

 

 

Je dis non à la solitude

Comment entrer en relation avec les autres, comment éviter de s’isoler, de rester à part, d’être banni, persécuté comme trop différent, rejeté, condamné à une solitude qu’on n’a pas voulue ? Comment créer des liens et les entretenir ?

On apprend d’abord à dire bonjour. C’est une des premières choses que les parents apprennent à leurs enfants avec « merci »  souvent nommé « le petit mot magique » : dis bonjour à la dame, au monsieur, à ta grand mère. On ne lui dit pas trop ensuite comment faire. Il suivra le modèle familial ou celui qu’on apprend à l’école. Entrer en relation avec l’autre s’apprend. On peut s’y entraîner.

Je vais vous inviter à explorer avec moi dans les mois qui viennent les chemins qui nous mènent vers une convivialité tranquille. Nous aborderons les relations dans notre famille qui nous ont servi de modèles, puis le monde des amis depuis l’école, le travail et la vie amoureuse qui débouche ou non sur la construction d’une nouvelle famille. Mon livre est publié sur Amazon avec version numérique et brochée. Bonne lecture.

Je dis non à la solitude

Créer des liens et les entretenir

Présentation du livre par Olivier Montadat (PTSTA O)

« La vie c’est le lien, le lien c’est la vie….

Agnès Le Guernic illustre cette nécessité et les moyens de créer du lien y compris quand c’est difficile pour nous. En effet, dans ce monde très stressant, la tentation de la solitude même si elle douloureuse peut être une « solution » pour certain.es.
En s’appuyant sur des concepts tirés de l’analyse transactionnelle, Agnès Le Guernic permet à chacun.e d’entre nous, que nous soyons « l’honnête homme / femme » ou bien encore professionnels de l’accompagnement, de savoir comment créer et entretenir le lien.
Nous sommes chacun.e responsable de la qualité de nos vie – y compris de sortir de nos solitudes – et ce livre nous permet de mieux assumer cette responsabilité.

Couples en confinement : Bonjour, les jeux psychologiques

Enfin seuls est-ce vraiment intéressant?

De trop peu à trop :

Etre confiné chez soi pendant trois semaines ou plus avec son amoureux ou son amoureuse, son copain, sa copine, son conjoint, sa conjointe ne devrait pas poser de problèmes. Comment l’autre dont la présence nous manquait tant dans la vie antérieure pourrait-il devenir de trop ? Pourtant, rien n’est simple. Nous avons vu que la satisfaction de nos besoins fondamentaux était rendue difficile par la situation de confinement, d’où le risque plus grand de disputes, suite à des conflits entre les besoins de l’un et ceux de l’autre. L’impossibilité de sortir pour se changer les idées va aussi compter : les stratégies habituelles de désescalade dans les disputes ne sont plus disponibles. On parle déjà du nombre de divorces au sortir de la crise tout autant qu’on parle du nombre de naissances dans neuf mois.

 Il importe donc d’identifier les situations à risque. Les problèmes peuvent venir des jeux psychologiques favoris de chacun. Les jeux psychologiques sont des séquences comportementales complémentaires automatiques, apprises dans l’enfance et qui ne sont pas conscientes. Les disputes par lesquelles ils se manifestent peuvent être anodines (premier degré des jeux) ; elles peuvent déboucher sur une rupture (deuxième degré) ou sur la violence (troisième degré). D’où l’intérêt de les repérer afin d’éviter toute escalade. Sinon elles peuvent devenir lourdement dommageables.

Parmi les jeux conjugaux[1], j’ai choisi trois modèles de jeux à deux correspondant à la situation de confinement à deux : celui de « Sans toi », celui de « Ereintée » et celui de « Coïncé ».

 Dans le jeu de « Sans toi », la femme reproche à son mari de l’empêcher de travailler, alors qu’en fait elle a inconsciemment peur du monde extérieur. Elle se plaint auprès de ses amies et passe pour la victime d’un tyran. Lui est terrifié à l’idée de rentrer un jour à la maison et de découvrir qu’elle est partie et qu’il est seul. Les deux personnes ont fait alliance en secret entre leurs états du moi Enfant.

Berne, en homme de son époque, nous propose le dialogue suivant au niveau social :

–      Reste à la maison et occupe toi du ménage

–      Sans toi j’aurais pu faire une carrière de concertiste

Avec, au niveau caché, un échange différent :

–      Tu dois toujours être à la maison quand j’y rentre. Je suis terrifié à l’idée que tu puisses m’abandonner

–      Je resterai à la maison si tu m’aides à éviter les situations dont j’ai peur ;

La femme a donc épousé un homme autoritaire de façon à ce qu’il restreigne ses activités à elle, lui évitant de se mettre dans des situations qui l’effraient. Au lieu de lui manifester sa reconnaissance, elle se plaint des limitations, ce qui met son conjoint mal à l’aise. Son avantage est qu’elle peut jouer à « sans lui » avec ses amies. La femme rejette en fait sur son mari la responsabilité du choix qu’elle a fait en l’épousant. : « Ah si je ne t’avais pas épousé, je n’aurais pas renoncé à mon métier pour toi, je pourrais sortir et m’amuser au lieu d’être cloitrée dans ma cuisine ! » Il faut que le partenaire partage un peu de la culpabilité pour que ça marche. Le jeu est caractérisé par la mauvaise foi. En général les couples s’apparient pour des raisons de complémentarité, chacun entrant inconsciemment dans le jeu favori de l’autre. Le mari peut être aussi dans le rôle de la victime qui se plaint. Nous ne sommes plus à l’époque de Berne ! A notre époque où nous sommes devenus sensibles à l’influence du fonctionnement resté patriarcal de la société, nous pouvons imaginer la situation inverse. Que de personnes talentueuses certes, mais effrayées par l’idée de ce qu’elles devraient entreprendre si elles devaient réaliser leurs ambitions, se plaignent d’avoir un conjoint ou une conjointe autoritaire, qui les empêche de faire ce qu’elles n’osent pas faire. Cela leur permet de jouer à « Sans lui, Sans elle, Sans les enfants, Sans… »que ne ferais-je pas?

Le jeu de « Coïncé » consiste à refuser avec hypocrisie de donner à l’autre ce qu’il veut et de faire comme si on l’ignorait. Voici la situation décrite par Berne : Madame Leblanc propose à monsieur Leblanc d’aller au cinéma. En général quand ils vont au cinéma ils font l’amour au retour. Mais cette fois une dispute éclate à propos de l’argent qu’il faudrait avoir pour repeindre la maison. Le résultat final c’est que Monsieur Leblanc claque la porte et va seul au cinéma et que sa femme se retrouve pleine de rancune. Au retour, il sera privé de sexe, mais elle aussi. La femme souhaite être « cajolée » selon le terme de Berne. Le mari voudrait qu’on reconnaisse son héroïsme pour subvenir aux besoins du ménage. Elle voudrait des caresses physiques ; lui des signes d’admiration. Chacun refuse de donner à l’autre ce qu’il espère, pour une raison quelconque.

Berne dit que la plupart des jeux conjugaux sont destinés à éviter l’intimité. En période de confinement, le choix d’un film à regarder ensemble peut faire l’affaire. Les corvées ménagères mal réparties jouant le rôle de l’argent qu’on n’a pas pour repeindre la maison. Les sources de frustrations nombreuses sont autant d’occasions pour hameçonner son (ou sa) partenaire.

Le jeu de « Ereintée » concerne les femmes surchargées de tâches, les ménagères qui font face à tout et sont bonnes pour le burn-out. Ces femmes se marient, dit Berne , avec le fantasme que leur mari a de sa propre mère qui faisait soi-disant tout parfaitement. Elles n’arrivent pas à renoncer à être parfaites ou à passer pour telles. Les conditions de vie modernes mettent les femmes plus en danger que les hommes. Il arrive que le mari tienne la maison quand sa femme travaille, mais est-il si fréquent qu’il le fasse en plus de son activité professionnelle ?

Les disputes de premier niveau réclament quelques remèdes de base : repérer les besoins de l’un et de l’autre, négocier la répartition de l’espace, du temps, se donner des signaux d’alerte, ne pas oublier de se dire des choses gentilles (signes de reconnaissance) qui mettent de l’huile dans les rouages, chercher le plus possible à obtenir le consentement de l’autre. C’est un fonctionnement démocratique. On peut parler de contrat.

Dans le cas du jeu « Sans toi », il faut aller plus loin, connaître ses faiblesses et accepter de prendre la responsabilité de ses choix de vie. Le jeu de « Coïncé » réclame aussi d’être honnête avec soi-même et avec l’autre : chacun connaît les points faibles de l’autre. S’abstenir d’appuyer sur ces points faibles est un bon moyen de renforcer alliance. Quant au jeu « Ereintée », je vous invite à écouter les féministes qui luttent contre le poids des préjugés de genre proposés aux filles dès leur enfance. Elles nous disent que nous n’avons pas à prendre tout sur nos épaules, que nous devons partager les tâches ménagères de façon à ne pas nous sentir éreintées au point de tomber malades.

La négociation et la bonne humeur nous donnent une chance d’éviter d’escalader dans les jeux et de mieux nous aimer. Dans le cas contraire, les couples au sortir de la période de confinement auront accumulé la rancune et se sépareront ou pire auront escaladé jusqu’à la violence contre l’autre et /ou contre soi.

[1] Eric Berne : Des jeux et des hommes, Psychologie des relations humaines, New York 1964,  Edition en français : Stock 1975Haut du formulaireBas du formulaire