Contes de fées et plan de vie psychologique

article paru en anglais dans le Transactional Analysis Journal (juillet 2004)

Présentation :

Les contes de fées occupent une place à part dans la littérature, celle d’une variante populaire des mythes. A ce titre, ils ont intéressé les fondateurs de l’analyse transactionnelle (1) et continuent d’intéresser les psychologues et les éducateurs. On peut y voir une métaphore de la vie sociale.
Racontés aux petits enfants, ils contribuent à leur éducation et leur proposent des modèles positifs en vue d’une vie sociale réussie. En tant qu’analyste transactionnelle travaillant dans le champ de l’éducation et des apprentissages, je suis intéressée par “les aspects sains et fonctionnels du processus par lequel nous “faisons le sens” dans la construction psychologique de la réalité”, comme nous y invite William F. Cornell (T.A.J. 18 octobre 1988 pp 270-282: “Life script theory : A critical review from a developmental perspective”).
Je me propose donc de rappeler quelle est la place des contes de fées dans la littérature et la psychologie, comment les analystes transactionnels psychothérapeutes les ont utilisés et je présenterai une autre lecture propre aux aspects sains et fonctionnels du scénario de vie incluant l’apprentissage des rôles sociaux.
Pour étudier les relations de rôles, je ferai un détour par la notion de “définition de la relation “développée par le groupe de Palo-Alto.

– I – Aspects littéraires :

La place particulière des contes de fées dans la littérature :
Les contes de fées appartiennent à la tradition orale. Ils se transmettent dans les campagnes depuis la nuit des temps et, à l’inverse des mythes grecs et des récits d’animaux qui ont fourni la matière des fables d’Esope ou de La Fontaine, ils n’ont été fixés que tardivement par le passage à l’écrit. Charles Perrault en a sélectionné certains et les a mis en vers à destination de la cour du roi de France au 17ème siècle. Les plus connus sont “Barbe-Bleue”, “La Belle au bois dormant”, et “Cendrillon”. Au 19ème siècle, les frères Grimm ont transcrit des contes de différentes régions d’Allemagne avec leurs versions locales et ces traductions sont allées rejoindre le fonds commun de lecture des petits enfants européens. Parmi eux, “Blanche Neige”, “Hansel et Gretel” et” Le joueur de flûte de la ville d’Hamelin”.
Aujourd’hui encore on continue de transcrire les histoires que les différents peuples du monde racontent à leurs enfants.
La structure des contes:

Ma référence est l’ouvrage du folkloriste russe, Vladimir Propp, “Morphologie du conte”, publié en 1928 (2). La traduction de cet ouvrage en anglais en 1958 et sa sortie aux Etats-Unis ont contribué à le faire connaître d’un plus large public. Propp distingue dans les personnages des contes sept rôles, chacun ayant sa sphère d’action. Ces rôles sont l’antagoniste ou l’agresseur, le donateur, l’auxiliaire, la princesse ou son père, le mandateur, le héros et le faux héros.

Les personnages ont leurs motivations . Celles du héros forment l’objet de la quête. Elles ne sont pas explicitées par Propp, mais le lecteur de contes n’aura pas de mal à les trouver : la survie physique (ne pas être tué), économique ( ne pas mourir de faim), ou psychologique ( échapper à l’inceste). Ce peut être aussi la formation d’un couple, fonder une famille, découvrir qui on est, retrouver ses parents ou ses frères, être aimé pour soi-même ou tout simplement la quête du pouvoir , symbolisé par la princesse ou son père, le roi.

Propp a dégagé 31 fonctions du conte. Ce sont des événements qui se reproduisent dans la plupart des contes. Le déroulement de l’histoire se fait par ruptures successives : des moments de déséquilibre et d’équilibre se succèdent; le héros en position de faiblesse au départ (position basse) passe ensuite successivement en position haute (dominante) ou basse (dominée) et termine en position haute. Nous trouvons ici le schéma de base de tous les récits centrés sur un héros qu’on appelle “récits d’initiation”.

– II – Aspects psychologiques :

Le rôle des contes auprès des enfants :
Ces histoires ont en effet le point commun d’être des récits d’initiation aux rôles sociaux. Ils font la promotion des qualités de courage, d’énergie, d’entraide et de persévérance, valorisées par la société. Ils inspirent aux auditeurs et aux lecteurs des émotions profondes et transmettent une sagesse.
Ils contiennent une série de messages venant du Parent de l’humanité que les conteurs se transmettent de génération en génération à l’intention des jeunes qui se demandent ce qui les attend dans la vie. A des époques où la mortalité des mères était importante et où il y avait beaucoup d’orphelins, ces messages pouvaient se comprendre à différents niveaux selon le public. C’était autant de leçons de vie pour les tout petits qu’ils séduisaient par leur aspect merveilleux : animaux qui parlent, auxiliaires magiques comme les bottes de sept lieues ou les tapis volants. Pour les jeunes et les moins jeunes qu’ils ramenaient au monde de leur enfance et qui les écoutaient dans leur état du moi Enfant, c’était une leçon d’espoir et de confiance dans l’être humain.
Ils contiennent mises en garde et encouragements et insistent d’une part sur les dangers du monde : personnages terrifiants ou imprévisibles, faux héros qui n’hésitent pas à tromper les autres et à trahir leur parole, personnages guidés par leur intérêt matériel ou leurs instincts destructeurs. Pour les adultes qui écoutent, le sens de ces dangers, c’est la mort, la mutilation physique ou psychique, la

perte de ses proches ou de ses biens. Ils décrivent ainsi des héros, au départ en position de faiblesse, qui s’en sortent et triomphent des épreuves.
Bruno Bettelheim (3) les aborde dans son ouvrage “Psychanalyse des contes de fées” du point de vue du développement de l’affectivité et du déroulement de la vie psychique. Les contes parlent à mots couverts aux enfants de ce qu’ils vivent au quotidien : drames de la séparation, de la compétition fraternelle, ambivalence à l’égard des parents.

Comment expliquer leur pouvoir? :
Ces histoires se racontaient lors des veillées d’hiver. Le talent des conteurs s’exerçait dans une atmosphère propice, de caractère hypnotique. C’est encore le cas lorsqu’un parent lit à son enfant une histoire avant qu’il ne s’endorme, ou qu’un enseignant de maternelle réunit les petits autour de lui pour leur lire un conte. Ces moments sont favorables à l’apprentissage des émotions : la peur du danger imaginé, la colère devant l’échec, la tristesse de la perte, la joie de la réussite finale. Le rôle du conteur y est primordial.

– III – L’approche des transactionnalistes :

Contes et scénario de vie :
Les premiers analystes transactionnels, Eric Berne, Stephen Karpman et Fanita English en particulier , ont mis en évidence l’influence des contes sur le scénario de vie de leurs clients (1 et 5). Cette influence s’explique en partie par les éléments non-verbaux de la transmission du récit oral, qu’il soit improvisé, raconté de mémoire ou lu. Par un coup d’oeil complice, une maman peut laisser entendre à son enfant : “ça, c’est tout toi!”, transformant un constat en attribution (4).

La thèse de Karpman :
Dans son article “Contes de fées et analyse dramatique du scénario”, (5) Karpman parle de l’influence des contes sur les jeunes esprits au niveau subconscient.
Il présente un diagramme des rôles joués par les personnages du conte qui sont tous en relation entre eux. L’hypothèse est que ces rôles sont ceux du scénario de vie de la personne dont c’est le conte préféré.
Dans la thérapie, on aborde les personnages du conte favori du client comme on aborde ses rêves : de même que chaque partie du rêve parle du rêveur, chaque personnage ou élément du conte tel que le client l’a retenu parle de lui. Il s’y projette successivement ou attribue aux personnages différents rôles dans son histoire, d’où l’intérêt du conte pour la résolution des impasses.
L’article de Steve Karpman contient entre autres quatre idées essentielles pour mon propos :
– tous les rôles sont interchangeables;

– le drame (mot qui signifie action) est constitué par les renversements émotionnels des rôles;
– ces rôles peuvent se résumer à trois : celui de Persécuteur, de Sauveur et de Victime ; Ces trois rôles sont négatifs.

– le passage de l’un à l’autre dans le temps et l’échange des places entre les joueurs, diagrammé par un double triangle fléché, correspondent au déroulement des jeux psychologiques sur un temps limité et au déroulement du scénario sur une vie entière. Dans cette perspective les renversements de rôle correspondent aux coups de théâtre.

Nous retrouvons la structure et les fonctions du conte avec les passages de la position de dominé à dominant et de dominant à dominé tout au long de l’action. La Victime est en position de dominé. La position dominante est occupée par le Persécuteur (l’agresseur) ou le Sauveur.

En revanche la thèse s’écarte de la tradition des contes telle que je l’ai exposée plus haut du fait du caractère négatif des rôles. Certes, celui de l’agresseur présente comme le Persécuteur des aspects négatifs et les contes sont pleins de personnages agressifs terrifiants comme les ogres et les sorcières, mais le lecteur de contes a du mal à se représenter la Victime comme responsable de son malheur, et le Sauveur comme nuisible.

On peut, en effet, avoir des réticences pour voir dans les marraines-fées des Sauveurs au sens de Karpman. C’est justement leur tâche sociale que de relayer la mère décédée ou absente et de permettre à sa filleule d’accéder au statut d’épouse en l’aidant à rencontrer un futur compagnon. Cendrillon , maintenue comme servante au foyer de son père n’a aucune chance de se marier. Sa marraine l’y aide, lui donnant le moyen de sa liberté telle qu’il se concevait à cette époque. Dans son intention, la marraine est toute bonne.

Pourtant la chose mérite d’être examinée de près du point de vue de l’autonomie de la filleule car l’aide qu’elle lui apporte est magique; elle lui ordonne de revenir du bal avant minuit sans lui dire pourquoi. Elle semble attendre une obéissance totale comme celle qu’on réclame des jeunes enfants au lieu d’inviter Cendrillon à développer son autonomie. C’est un bon exemple de ce qui peut se passer entre enseignants et enseignés.

Les comportements correspondant à ces rôles sont à vrai dire tous en lien avec la responsabilité et l’autonomie. Dans un comportement scénarique, la personne refuse la responsabilité et rejette celle-ci sur autrui ou sur la fatalité. Les rôles de scénario impliquent une position de vie spécifique par rapport à soi-même, aux autres ou au monde :

+ – pour le Persécuteur, + – chez le Sauveur et – + ou – – chez la Victime.
Les comportements d’autonomie manifestent une position de vie ++, faite de confiance éclairée en soi, en l’autre et dans le monde.

Il est donc intéressant d’examiner en quoi le comportement d’une personne peut être perçu comme caractéristique d’un Sauveur, d’un Persécuteur ou d’une Victime et différent de celui qu’aurait une personne autonome en position dominante ou dominée.

Un autre intérêt du modèle proposé par Steve Karpman est dans son aspect interactif : il ne peut y avoir de Victime sans Sauveur ou Persécuteur , de Sauveur ou de Persécuteur sans Victime. A la position – + correspond la position complémentaire + -. La responsabilité de chacun est engagée dans l’interaction particulière du jeu psychologique et des déplacements d’un rôle à l’autre.

Ce modèle a surtout été appliqué aux Jeux Psychologiques, remplaçant la formule “J” pour l’analyse de ceux-ci. Son succès considérable a été accompagné d’un glissement ; en effet l’habitude de mettre un Parent Normatif négatif derrière le Persécuteur , un Parent Nourricier négatif derrière le Sauveur , un Enfant Adapté négatif derrière la Victime a restreint les possibilités d’utilisation du modèle en escamotant la réflexion sur les rôles. En aucun cas, le rôle ne peut être confondu avec l’Etat du moi (6). C’est vrai du rôle psychologique comme du rôle social.

– IV – Applications à la pratique :

Comment utiliser la thèse de Karpman dans le champ social :
La littérature transactionnaliste est riche de descriptions de scénarios de vie de personnes fortement perturbées, qui ont tiré de leurs contes de fées favoris les conclusions défavorables ou qui ne savent pas en utiliser les éléments favorables, mais quand on travaille sur ces sujets dans le domaine de l’éducation ou de la formation, on rencontre surtout des personnes au scénario de vie “banal”(7).

Les contes peuvent être étudiés dans le champ social du point de vue du glissement de l’aide au sauvetage, des directives à la persécution et de la faiblesse à la position de Victime. C’est le sens du travail que je fais dans le champ de l’éducation où je centre la réflexion sur la distinction entre rôle et personne et sur la différence entre contrat lié au rôle social et illusion de toute puissance ou d’impuissance. Ces illusions sont présentes dans des remarques telles que : “Si mon élève n’apprend pas, c’est sûrement que j’ai manqué quelque chose. Un bon prof doit arriver à motiver ses élèves!” ou “Avec des classes surchargées, on passe son temps à faire de la discipline! Que faire avec des gosses qui ne savent même pas lire?”C’est comme si l’on passait de la fée avec sa recette magique à la grenouille sans ressource.

Par ailleurs, sans nier le côté tragique de certains contes, je préfère les regarder comme des trames de scénarios orientés vers l’apprentissage et la croissance, choisissant la perspective de Fanita English quand elle compare le scénario à un tapis qui a sa trame sur laquelle on peut ensuite confectionner son histoire particulière (8). Les messages du conte peuvent être explorés du point du vue de la problématique de la personne et des permissions dont elle a besoin pour avancer.

Le conte et l’apprentissage de la vie :
La leçon du conte est que l’être humain passe aux différents moments de sa vie – et à l’intérieur d’une même journée – par des positions successives où il domine et par d’autres où il est dominé. A l’opposition dominant/dominé qu’il me parait préférable de réserver aux jeux de pouvoir décrits par Claude Steiner (9), je préfère la notion de position haute ou basse qui est dépourvue de connotation négative. Elle vient de Jay Haley (10) collaborateur de Milton Erickson et membre de l’équipe de Grégory Bateson à Palo Alto. Elle a été reprise dans l’ouvrage “Une logique de la communication “(11). Les auteurs distinguent deux niveaux dans un message : celui du contenu du message et celui de la définition de la relation (le processus, pour les analystes transactionnels). Ainsi quand la marraine de Cendrillon lui dit d’aller au bal et de rentrer avant minuit, le contenu du message concerne le bal et l’heure du retour. Au niveau de la définition de la relation, elle prend l’initiative, se place dans la position haute, ici celle du mandateur qui ordonne et invite sa filleule à prendre la position basse qui est la position complémentaire.
Quand une grenouille demande de l’aide au héros, elle se met en position basse et invite le héros à prendre la position complémentaire qui est une position haute afin de tester sa capacité à aider les autres. C’est elle qui définit la relation entre eux deux et choisit sa position. L’autre a la possibilité d’accepter ou de prendre l’initiative d’une autre définition de la relation, par exemple se moquer de la grenouille. Les différents personnages du conte conduisent ainsi le héros à expérimenter position haute et position basse jusqu’à la réussite finale. Les faux héros qui refusent le risque échoueront dans leurs entreprises .
Le conte propose ainsi un modèle d’apprentissage des rôles sociaux positifs. En position haute, deux choix : celui qui guide, ordonne, mandate, met à l’épreuve et celui qui aide, donne, secourt , nourrit , se soucie de l’autre. Ces deux rôles mobilisent les deux aspects fonctionnels de l’état du moi Parent d’une personne, sans pourtant se confondre avec eux. En position basse, on trouve celui qui bénéficie de l’aide ou de la guidance. Il va mobiliser plutôt les états du moi Enfant adapté ou Enfant Libre.

L’apprentissage des rôles sociaux :
Ces rôles, le jeune enfant les apprend à la maison et à l’école. Ces deux lieux d’apprentissage lui permettent d’expérimenter position basse et position haute,

en étant guidé et nourri, mais aussi invité à rendre service et à transmettre ce qu’il sait aux plus jeunes. C’est ce qui fait le drame des enfants handicapés de rester la majeure partie du temps en position basse. Je fais l’hypothèse que la confiance en soi naît de la possibilité d’être placé en position haute et d’être en contact avec la fierté de guider ou d’aider autrui. La pédagogie de Freinet (12) repose sur ce principe.

La position haute n’est donc pas réservée aux rôles de Persécuteur ou de Sauveur et la position basse aux rôles de Victime. Dans la vie comme dans les contes, il y a constamment renversement des rôles , mais ces rôles sont positifs quand ils correspondent à une alternance normale de position dans le relation et sont négatifs quand ils impliquent une méconnaissance ou la fixation d’un type stéréotypé de relation.

Je crois donc utile de distinguer le triangle dramatique où les personnes passent d’un rôle de scénario à l’autre, d’un autre triangle que j’ai imaginé sur le même modèle, celui des “apprentissages sociaux” où les personnes passent successivement d’une position haute à une position basse tout en restant dans l’OKness.

En position haute, deux possiblités de rôles : celle de Mandateur comme dans les contes ou de Guide (les anciens le nommaient “mentor”) et celle de Donateur ou d’Aidant. En position basse, le Bénéficiaire de la guidance ou de l’aide.
Ce triangle pourrait se diagrammer de la manière suivante :

Position haute LE GUIDE ou le MANDATEUR

Position haute : L’AIDANT ou LE DONATEUR

position basse

LE BÉNÉFICIAIRE position basse

Illustration :
Dans la vie quotidienne, une personne adulte est en position haute face à ses enfants jeunes et elle passe dans la position basse quand à un âge avancé elle

devient physiquement dépendante d’eux. Mais elle peut dans certains domaines comme le domaine financier ou intellectuel garder la position haute. Si elle utilise cette position pour soutenir sa famille en l’aidant, elle fonctionne dans le triangle des rôles sociaux. Mais si elle l’utilise pour contrôler sa famille, elle se situe alors dans le rôle de Persécuteur du triangle dramatique. Le comportement choisi n’est pas lié à la position dans la relation mais à la position de vie activée dans la relation.

Dans la vie professionnelle, comme dans la vie de famille, les relations inégales sont fréquentes : mère/enfant, père/enfant, employeur/employé, médecin/patient, enseignant/élèves. Quand les personnes fonctionnent dans la conscience du rôle et la confiance dans leurs capacités et celles de l’autre, il y a synergie. Chacun sait par ailleurs que la position n’est pas fixe, que nous tournons, qu’il s’agit de rôles sociaux : un chef de service, une responsable d’entreprise qui sont en position haute face à leurs employés passent en position basse sur le fauteuil du dentiste ou devant le directeur d’école de leurs enfants (13).

Certains rôles sont complémentaires et égaux comme Prince/Princesse, Père et Mère par rapport à leurs enfants, collaborateurs, partenaires de double au tennis. Dans une société démocratique, ils sont de plus en plus nombreux.
Je soutiens que ces rôles s’apprennent dès la petite enfance grâce à l’expérimentation des différentes positions dans la relation, que ce soit à la maison ou à l’école, d’une manière qui peut être positive.

Conclusion :

Le contenu des contes rend donc compte de la vie biologique et de la vie sociale avec ses hauts et ses bas. Chacun a pris dans l’imaginaire collectif ce qui lui semble en rapport avec ce qu’il a vécu à l’âge de la prise de décision scénarique. Mais cet imaginaire contient aussi son contraire. A chacun de puiser dans ce trésor de quoi aménager le scénario construit avec les représentations que se faisait de sa vie future le jeune enfant encore dépendant des grandes personnes.

Comme les conteurs d’autrefois, les enseignants, les journalistes, les intellectuels et tous ceux qui font un métier de communication, transmettent aux générations suivantes non seulement ce qu’ils savent mais aussi ce qu’ils sont. Ils ont donc intérêt à examiner leur scénario. Ils ont entre autres responsabilités, celle de ne pas désespérer les jeunes et de leur montrer un monde ouvert où chacun peut construire sa vie, à condition de tenir compte de l’expérience et de développer les qualités sociales d’entraide, de persévérance et d’énergie. A ce prix ils seront dignes de ces beaux métiers de transmetteurs de connaissance et de sagesse.

Références :

1-Eric Berne a consacré un chapitre de “Que dites-vous après avoir dit “Bonjour!” à l’analyse et au classement des scénarios influencés par les contes et les mythes : “Petit chaperon rouge”, “Little Miss Muffet”, “Sisyphe” et il consacre le chapitre 13 de “Que dites-vous après avoir dit “Bonjour”? (Tchou 1972 ) au personnage de Cendrillon.

Fanita English décrit l’influence du conte de Rapunzel, du mythe de Scylla et du poème de Tennyson “La Dame de Shalott” inspiré du cycle arthurien sur la construction du scénario de vie d’une de ses clientes, Stella .“Analyse Transactionnelle et émotions” EPI 1992 pp 35 et suivantes.

Dans un article du 18 octobre 1988 dans le TAJ, William F. Cornell propose de réserver le terme “scénario de vie “ aux aspects pathologiques et “Plan de vie psychologique” aux aspects sains et fonctionnels. Les contes sont concernés par les deux aspects.
2-Vladimir Propp : Morphologie du conte 1928 et 1958 pour la traduction anglaise. Le Seuil 3-Bruno Bettelheim : Psychanalyse des contes de fées . Laffont 1976.

4 -Le concept d’”attribution” a été mis au point par Ronald Laing (La politique de la famille – STOCK 1979)- Claude Steiner y consacre les pages 90 à 93 de son ouvrage “Des scénarios et des hommes” EPI 1984)
5 – Steve Karpman : Contes de fées et analyse dramatique du scénario 1968 AAT n° 9 6-Fanita English : Distinguer rôle et état du moi dans “Aventures en Analyse Transactionnelle” EPI 1984

7-Claude Steiner : “Des scénarios et des hommes” EPI 1984. Les chapitres 13 et 14 développent des scénarios “banals” de femmes et d’hommes. Le terme est à opposer à “tragique”.
8-Entendu lors de l’atelier “”Changements et transitions” conduit les 20 et 21 mai 1989 par Fanita English à Paris.

9-Claude Steiner : “L’autre face du pouvoir” D de B 1995
10-Jay Haley : Stratégies of psychotherapy . Grune &Stratton 1963
11-Paul Watzlawick, J. Helmick Beavin, Don D. Jackson : Une logique de la communication 1967. Édition française Le Seuil 1972.
12-Célestin Freinet, pédagogue français (1896-1966) partisan des méthodes actives d’éducation. Lire son ouvrage “Les techniques de l’école moderne” – Armand Colin- Bourrelier 1964.
13-Sur les rôles professionnels pour lesquels Alain Crespelle utilise le terme d “institués” et les transactions auxquelles ils invitent, on tirera profit de la lecture de ses articles : Analyse Transactionnelle et Analyse Institutionnelle. Bulletin d’Analyse Transactionnelle n° 3 Décembre 1977 Paris IFAT et “Le moi, le rôle et la personne : différences et interférences” AAT n° 52 . Sur la distinction entre rôles sociaux, professionnels et contractuels faite par Fanita English, on se reportera à son ouvrage : “Qui suis-je face à toi?” H&G 1987 Chapitre 4

Sortir des conflits : ce qu’en dit José Grégoire

Voici la préface écrite par José Grégoire pour mon livre : « Sortir des conflits ».

Que cela nous convienne ou non, nous transitons régulièrement par le pays du conflit. Certains d’entre nous en ressentent les paysages comme vivifiants, d’autres les perçoivent comme arides ou effrayants, mais de toute manière il ne nous appartient pas de décider une fois pour toutes de n’en jamais franchir la frontière ! 

Le livre d’Agnès Le Guernic ressemble à un voyage aller-retour dans ce pays. La première étape, l’aller, nous permet de nous y orienter. Nous découvrons ainsi un territoire bien plus vaste et bien plus varié que peut-être nous ne le croyions. Car il y a conflits et conflits. D’abord, ils se jouent dans des espaces d’amplitudes différentes, depuis l’intérieur de la personne jusqu’à la société. En outre, ils émanent de sources diverses. L’auteur en détaille quatre : nos différences de tous types, notre style relationnel, nos intérêts et la recherche du pouvoir.

Chemin faisant, nous rencontrons différents concepts de l’analyse transactionnelle ou d’autres approches psychologiques qui éclairent nos besoins, nos relations interpersonnelles, nos perceptions plus ou moins biaisées du monde et de notre vie, et nos manœuvres ouvertes ou secrètes pour briguer le pouvoir. Ces notions, issues des théories psychologiques et linguistiques, sont éclairées par des exemples de la vie quotidienne, par des souvenirs tirés de la longue expérience de l’auteur dans l’enseignement et dans la formation, et par des épisodes tirés des médias. Elles sont présentées pour ce qu’elles sont dans leur essence : des expressions conceptuelles des aspects multiples de notre vécu quotidien.

Pour le voyageur curieux, il y a là amplement de quoi s’étonner des ressources et des complexités, mais aussi des pièges du psychisme humain. Le professionnel des relations pourra s’inspirer de la manière concrète et profonde qu’a l’auteur de les expliquer. Mais le but prioritaire de l’ouvrage est de déboucher sur une action, celle qui permettra au lecteur de résoudre autant que possible les conflits où il se trouve engagé ou coincé, à condition qu’il soit « client », c’est-à-dire disposé à s’investir activement dans cette démarche.

Dans cette perspective, descriptions vivantes et concepts éclairants ne constituent que la première étape de la démarche, qui consiste à classer et analyser les conflits. Cela veut dire fondamentalement en circonscrire les caractéristiques pertinentes, puis sur cette base formuler l’hypothèse d’un sens possible. Par exemple, si l’on arrive à situer la réaction de l’autre dans la catégorie du besoin fondamental de reconnaissance, cela donne un autre sens à cette réaction, que sinon j’aurais sans doute qualifiée sans autre forme de procès de méchanceté ou d’égoïsme ; si l’hypothèse se vérifie, cette donnée sera un élément essentiel d’une future résolution du conflit.

Nous en arrivons ainsi au voyage retour, qui consiste à sortir autant que possible du conflit, plus précisément à le résoudre, ou du moins à ne pas le laisser devenir plus destructeur.

Alors qu’à l’aller nous avons rencontré des descriptions imagées et des concepts, au retour nous faisons connaissance, comme il est logique, avec différents « savoir-faire », « savoir-dire » ou finalement « savoir-être » utiles pour la résolution du conflit : un état d’esprit positif, la négociation avec autrui et avec soi-même, le développement personnel pour dépasser les limitations chroniques inutiles (ce que les analystes transactionnels appellent le scénario), enfin les stratégies pour sortir des conflits de pouvoir. La réflexion créative et précise de l’auteur sur les transactions, détaillée dans son ouvrage précédent[1], ouvre ici un espace particulièrement vaste de possibilités adaptées à la diversité des situations. Sans illusion magique, car tout n’est pas pour autant gagné d’avance, et c’est pourquoi l’auteur suggère quelques types de réactions au cas où l’autre s’obstinerait ou s’enferrerait dans le conflit…

Au retour de ce voyage, après nous avoir accompagnés dans l’exploration du conflit et de ses modes de résolution, l’auteur tire profit de ce que nous avons découvert en cours de route pour indiquer quelques manières de prévenir le conflit, autrement dit d’éviter de le provoquer ou de l’attiser. C’est un point d’orgue, comme un repos bien gagné après un itinéraire riche en découvertes et en apprentissages !

Puis-je terminer cette préface par une note plus personnelle ? Comme je n’appartiens pas à ceux que l’idée du conflit stimule spontanément, j’avais… un conflit en commençant cette lecture, mais je puis assurer le lecteur que pour moi ce voyage, par son intérêt et sa richesse, en a amplement valu la peine !

José Grégoire, enseignant et superviseur agréé en analyse transactionnelle (T.S.T.A.), spécialité psychothérapie.  


[1] Le GUERNIC, A., Etats du moi, transactions et communication, InterEditions.

Résoudre les conflits relationnels

Quelle est la spécificité de ce type de travail ?

Lors de l’apprentissage de l’AT on perçoit parfois le fait d’entrer dans un jeu psychologique comme quelque chose de mal ou de honteux. Or si les jeux sont présentés comme des erreurs ou des fautes on n’avance pas. Rappelez vous l’effet produit sur vous par une éventuelle confrontation sous la forme de  « C’est un jeu ! » vécue comme une dénonciation . Les formulations de Berne proposées dans « Que dites-vous après avoir dit bonjour »pour définir  le Jeu favorisent cet aspect dévalorisant. La formule J,  comme Jeu, se présente en effet de la manière suivante : A + PF = R , CT, ST, B.

A, c’est l’amorce par l’initiateur du jeu, PF, c’est le point faible chez le partenaire éventuel. Lorsque l’amorce rencontre un point faible complémentaire, la réponse est possible. Le jeu est enclenché. Il se déroule, procure un certain nombre de stimulations et de confirmations et à un moment survient le Coup de Théâtre qui provoque la Stupeur et entraine un Bénéfice. Le mot Bénéfice étant ambigu, on l’a précisé en le complétant par Négatif dans un premier temps puis par Destructeur. Il s’agit le plus souvent d’une confirmation scénarique. Au départ du jeu,  il y a en effet l’amorce lancée vers un interlocuteur susceptible d’entrer dans le jeu de manière complémentaire, si l’amorce rencontre chez lui « un point faible compatible ».

Dans son ouvrage : « Que dites-vous après avoir dit bonjour », Berne appelle l’amorce « attrape nigaud ». Or personne n’aime se voir en « nigaud ». Une vision plus constructive du jeu psychologique consiste à le présenter comme l’un des processus que nous avons mis en place dans notre enfance pour répondre à nos besoins dans nos relations avec autrui. Pour qu’il y ait Jeu, il faut que quelqu’un réagisse à l’amorce à cause d’un point faible que je préfère appeler « point sensible » pour la même raison. Il faut que l’interlocuteur entre dans le jeu de manière complémentaire pour que le jeu puisse se dérouler. D’où l’intérêt de connaître ses jeux favoris et comment on y entre. Pour les explorer, j’ai choisi de travailler à partir des situations  que nous voulons éviter à tout prix.

1- Identifier son point sensible

Pour comprendre comment nous entrons dans les jeux psychologiques, rien de tel que de partir à la recherche de son point sensible. Pour cela, j’utilise la théorisation de Thomas Gordon[2] à propos des problèmes. Il nous invite en effet à chercher à qui appartient le problème, donc à qui il appartient de le régler. Pour ce faire, considérons tous les comportements d’autrui : parmi eux, certains sont acceptables pour nous et d’autres inacceptables. Le problème appartient à celui qui estime que tel ou tel comportement d’autrui est inacceptable pour lui. Il insiste aussi sur le fait que notre niveau de tolérance aux comportements que nous estimons inacceptables varie selon l’humeur et les circonstances. Cet élément du contexte favorise ou non l’entrée dans le jeu psychologique. Quand on est de bonne humeur, on est moins enclin à se disputer !

Il y a une probabilité pour que la réponse à la question : « qu’est ce qui est inacceptable pour vous dans le comportement de cette personne ? » vous indique un de vos points sensibles qui correspondent aux points faibles de la formule J des jeux psychologiques.

Comme exemples de points faibles, je proposerai la crainte d’être critiqué devant ses collègues, d’être jugé peu fiable dans son travail, le sentiment d’injustice, l’horreur d’être interrompu dans son discours, les sous-entendus racistes. On voit que le point faible est seulement quelque chose à quoi on est sensible et à quoi on réagit automatiquement. C’est pourquoi je préfère le terme « sensible ». On se fait facilement manœuvrer par celui qui connaît nos points sensibles et en abuse.

Selon Gordon, le problème appartient donc à celui qui est dérangé par le comportement de l’autre. Il ajoute aussi que c’est le cas quand on est dérangé par son propre comportement, par exemple, lorsqu’on n’aime pas faire des compliments aux autres, qu’on en fait le moins possible et de mauvaise grâce, si bien que cela se voit.

Quand on est dérangé par le comportement de l’autre, on est dans la zone des conflits relationnels ; quand on résiste à avoir certains comportements qui sont attendus on est dans la zone des conflits intrapsychiques : « Je sais qu’il faut savoir motiver les gens en leur donnant des signes de reconnaissance positifs, mais j’ai horreur de ça ! »

Il est évident que si une personne n’est pas dérangée par son propre comportement, elle ne peut se vivre comme ayant un problème et elle ne cherchera pas à le résoudre. L’exemple des personnes qui arrivent régulièrement en retard à leurs rendez-vous est significatif. Ce sont les autres qui sont dérangés et qui ont le problème, pas elles.

Voici comment j’ai réaménagé la grille de répartition des comportements d’autrui. J’y ai ajouté la notion de comportements attendus. En effet, le décalage entre ce qu’on attend et ce qu’on obtient est aussi une source de jeux psychologiques.

Tous les comportements de l’autre
Les comportements acceptables pour moi :   Quand il part sans dire au revoir.    Pas de problème pour moi !
Les comportements inacceptables pour moi :   Quand il laisse entendre en public que je ne fais pas mon travail. Quand il me tend des pièges. Quand il arrive en retard, ce qui retarde le travail.    C’est un problème pour moi. Je suis dérangé.  Mon point sensible : je déteste être en faute.
Les comportements attendus, inacceptables pour lui :   Donner aux autres des signes de reconnaissance positifs.   Il a un problème.

2 – Comment nos points sensibles se complètent et enclenchent des jeux entre nous

Prenez une personne avec laquelle vous êtes en relation régulière. Vous allez chercher quelles sont les zones de tolérance dans cette relation et quelles en sont les limites. Commencez par les comportements de l’autre (inacceptables, acceptables, attendus) puis regardez les vôtres dans le même ordre.

Pour le décryptage, lecture horizontale : ses comportements inacceptables pour moi puis les miens, inacceptables pour lui (zone de conflits).

Ses comportements acceptables pour moi, puis les miens acceptables pour lui (zone de tolérance).

Les comportements attendus de lui par moi et ceux attendus de moi par lui qui sont inacceptables pour chacun (zone de frustration source de conflit, non par ce qui est fait, mais par ce qui n’est pas fait).

Lucie co-dirige une petite entreprise avec Henri. Leur relation satisfaisante jusque là est en train de se détériorer au point qu’elle envisage de partir, même si elle risque de beaucoup y perdre financièrement.

Je la fais travailler sur sa relation avec Henri et l’invite à identifier son point sensible, puis à chercher quel peut être celui d’Henri. La possibilité qu’ils se complètent et se renforcent est importante.

On verra dans le tableau suivant que le jeu entre eux deux a un rapport avec les signes de reconnaissance et la compétition. Pour Henri, il n’est pas facile de donner des signes de reconnaissance positifs et très facile d’en donner des négatifs. Quand il s’en va sans dire au revoir, Lucie n’est pas dérangée, mais elle l’est quand Henri lui donne des signes de reconnaissance négatifs conditionnels sur son travail devant ses collaborateurs. Pour Henri, Lucie n’a pas le droit de réussir mieux que lui. Henri voudrait que Lucie compatisse quand il se plaint, mais c’est impossible pour Lucie.

Les comportements d’Henri :Tous mes comportements :
Ceux qui sont acceptables pour moi. Quand il part sans me dire au revoir. Pas de problème pour moi !  Ceux qui sont acceptables pour lui.   Quand je réussis, mais au prix d’un très gros travail. Pas de problème pour lui !
Ceux qui sont inacceptables pour moi. Quand il laisse entendre en public que je ne fais pas mon travail. Quand il me tend des pièges. C’est un problème pour moi. Je suis dérangée.  Ceux qui sont inacceptables pour lui.   Quand je prends de la place dans les réunions, que je reçois des compliments d’un client. C’est un problème pour lui. Il est dérangé.
Ceux que j’attends de lui et qui sont inacceptables pour lui. Qu’il me donne des signes de reconnaissance positifs. C’est un problème pour lui !  Ceux qu’il attend de moi et qui sont inacceptables pour moi. Le plaindre quand il se lamente. C’est un problème pour moi !
Son point sensible : Être le premier, le préféré.Mon point sensible : Les critiques en public ; la peur d’être manipulée.  
C’est un jeu alimenté par la compétition : chacun persécute l’autre en ne lui donnant pas ce qu’il attend et à quoi il estime avoir droit.  

Henri m’apparaît comme le personnage de la Reine dans Blanche Neige : « C’est moi la plus belle ! Je n’ai que faire des autres. Pas question de rivaliser avec moi, même innocemment ! Le faire, c’est me persécuter et alors je me venge ! »

On voit bien quels sont les rôles complémentaires : Henri se comporte en Persécuteur et attend de l’autre un rôle de Sauveur, car il voudrait être reconnu comme Victime. Lucie se sent Victime d’Henri qu’elle perçoit comme jaloux de ses succès et n’a aucune envie d’entrer dans un rôle de Sauveur en écoutant ses plaintes. Elle le persécute en refusant de le plaindre. Tous les deux sont dans une position OK + /OK- (voir les positions de vie).

Lucie, qui est ici la cliente, a intérêt à être vigilante sur son point faible : les critiques en public et sa peur d’être manipulée.

Qu’il s’agisse des relations de couple, des jeux entre parents et enfants ou de relations de travail, nous savons bien ce que nous ne supportons pas et en réfléchissant nous trouverons facilement ce que l’autre ne supporte pas dans notre comportement. Encore faut-il admettre qu’il faut être deux pour jouer et que la responsabilité est partagée.

Influencée que je suis par l’analyse systémique, j’ai tendance à regarder amorce + point faible fonctionner simultanément  plutôt que consécutivement, ce qu’impliquent les flèches dans la définition du jeu psychologique et le terme d’amorce et de point sensible, car l’amorce est fatalement perçue comme une cause. En fait les points sensibles de chacun peuvent être autant de tentations d’amorces pour les joueurs. Dire que nous entrons en même temps dans un jeu signifie qu’on peut également s’abstenir et éviter les personnes qui nous accrochent ou qu’on accroche.

Agnès Le Guernic, TSTA Education.


[1] Cet article reprend l’application 6 sur les jeux psychologiques de mon ouvrage : « L’analyse transactionnelle en action. Les concepts clés et leurs applications pratiques » réédité chez Amazon

[2] Thomas Gordon : Parents efficaces, Editions Marabout Poche, 2013.

Résoudre les conflits relationnels avec la grille des jeux psychologiques

Vous pouvez trouver dans cet article des Actualités en Analyse Transactionnelle des pistes pour travailler sur la résolution de conflits. Voici le lien : https://www.cairn.info/revue-actualites-en-analyse-transactionnelle-2020-1-page-14.htmLe Guernic Agnès, « Résoudre les conflits relationnels avec la grille des jeux psychologiques [1] », Cliquez sur le chiffre 1.

Relire « Le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir

« Il est difficile à l’homme de mesurer l’extrême importance de discriminations sociales qui semblent du dehors insignifiantes et dont les répercussions morales, intellectuelles sont dans la femme si profondes qu’elles peuvent paraître avoir leur source dans une nature originelle. L’homme qui a le plus de sympathie pour la femme ne connaît jamais bien sa situation concrète. Aussi n’y a-t-il pas lieu de croire les mâles quand ils s’efforcent de défendre des privilèges dont ils ne mesurent même pas toute l’étendue ».

Voilà comment Simone de Beauvoir présente le fossé entre les hommes et les femmes et l’incompréhension inévitable entre eux. La notion de « méconnaissance » en analyse transactionnelle en rend bien compte . IL s’agit ici et de la méconnaissance des stimuli (les discriminations ne sont pas identifiées par les hommes car ils ne les subissent pas ) et de la méconnaissance de leur signification (leurs conséquences sur la vie des femmes ne sont pas identifiées).