Les ouvrages de développement personnel peuvent-ils aider leurs lecteurs à changer leur vie ?
Quand le lecteur ou la lectrice choisit de lire ce type de livre, il est en recherche de quelque chose. Quel est ce quelque chose ?
Des recettes pour mieux vivre ? des conseils pour mieux se comporter avec son entourage ? des stratégies de réussite dans ses projets ? Il y a toujours eu une multiplicité de guides de ce genre : comment se faire des amis ; comment réussir en affaire ; comment faire un mariage d’amour. Il arrive même que des femmes américaines constatent le succès de leurs conseils auprès de leurs amies et se lancent avec succès dans des formations et des livres sur le créneau de leur spécialité.
La particularité des ouvrages de développement personnel est de s’appuyer sur des théories psychologiques cohérentes, que l’on s’abstient toutefois de préciser. Ils se situent en général dans la même perspective que la philosophie humaniste dont l’un des plus célèbres représentants est Montaigne[1]. Relisez Montaigne et vous y retrouverez la priorité donnée à l’individu, à la liberté et au choix personnel, une invitation à l’action, à la conscience et à la poursuite de l’autonomie. Beaucoup d’ouvrages de développement personnel empruntent à l’analyse transactionnelle une partie de sa théorisation des rapports humains, mais sans le dire. C’est elle qui donne de la cohérence à mon propos.
Ce qui m’a séduite dans cette théorie :
C’est d’abord l’optimisme. Il n’y a pas de destinée fatale. Chacun peut agir pour améliorer sa vie, quelles que soient les pesanteurs économiques, politiques et sociales. Le monde n’est pas figé. L’individu n’est pas enfermé dans sa condition et il y a quelque chose à apprendre tout au long de sa vie. Quelle ouverture !
Ce qu’on acquiert c’est une meilleure connaissance de soi et des relations qu’on entretient avec les autres. Alors que l’individu est chaque fois unique, les relations se déroulent selon des modalités particulières, en nombre limité, avec des constantes, des trames, des repères partagés avec d’autres. Nous sommes uniques par notre histoire personnelle et nous partageons avec d’autres les manières de nous mettre en relation. J’aime que l’on me donne à comprendre qui je suis sans me placer dans une petite boite avec les autres personnes soi-disant de la même catégorie que moi : les sanguins ou les bilieux, les empathiques ou les bourreaux de travail, les narcissiques ou les paranoïaques. Ces classements sont commodes quand on va vite, mais insuffisants pour connaître quelqu’un.
Sa conception du changement me plaît, ainsi que l’idée que nous sommes responsables de nos choix dans la vie adulte : les choix anciens ont été faits sous influence et ils nous ont permis de survivre. Nul besoin d’y rester accrochés ! D’autres choix peuvent être faits désormais.
L’idée que notre scénario de vie est une trame sur laquelle nous pouvons broder de nouveaux motifs en avançant en âge me séduit. Le récit initial peut être regardé autrement, aboutissant sur une nouvelle histoire à partir des mêmes éléments.
Je vous invite donc au terme de ce cheminement à rassembler vos ressources et à adopter un regard bienveillant sur vous et vos proches afin de vivre au mieux de vos possibilités.
[1] Tzvetan Todorov : Le jardin imparfait, la pensée humaniste en France. Grasset, 1998.