Le livre que vient de publier Agnès Le Guernic chez Interéditions, est particulièrement remarquable selon moi, pour plusieurs raisons :
D’abord le fait qu’Agnès soit T.S.T.A. et de formation universitaire donne à ce qu’elle écrit une importance scientifique à long terme pour l’analyse transactionnelle. C’est un livre très agréable à lire car son style est fluide, limpide, explicite , ouvert à tous les publics . Il contribuera certainement à la diffusion de l’AT comme celui de Gysa Jaoui l’a fait il y a plus de vingt cinq ans, pour la première édition du « Triple Moi » . Cela m’apparaît comme une succession, un relais pris pour l’avenir . La clarté et la portée générale des exemples illustrant les transactions ne viennent pas des groupes de psychothérapie comme c’est l’habitude dans les ouvrages traduits de l’américain . Ils nous concernent tous, dans notre vie quotidienne, en prise avec les institutions hiérarchisées héritées du passé, qui empêchent l’autonomie et la coopération.
Ensuite pour la première fois, justement dans ce domaine de la vie quotidienne, des rapprochements très intéressants sont faits tout au long de l’ouvrage entre l’analyse transactionnelle et la systémique de Palo Alto, toutes les deux théories de la communication nées après la deuxième guerre mondiale et ses atrocités, dont l’Europe ne s’est pas encore remise . Les étudiants d’analyse transactionnelle y trouveront aussi , dans cet esprit, des concepts et modèles qui n’étaient pas encore publiés jusqu’ici en français, par exemple : - les quatre éléments objectifs et subjectifs pour le diagnostic précis d’un état du moi - les huit opérations Adulte qui s’appliquent à toutes les pratiques de l’AT , - une chronologie des « inventeurs » comme les appelle l’auteure : Milton Erickson, Gregory Bateson et Eric Berne, entre les années 1942 et 1980. C’est très précieux pour comprendre cet empirisme logique qui est le stade actuel de construction de la psychologie .
Enfin, pour résumer, je pense que le livre d’Agnès Le Guernic marque une pierre angulaire pour l’évolution de l’analyse transactionnelle. Il nous montre comment analyser les interactions humaines dans leur contexte institutionnel. Il nous invite à des transactions plus directes mais cependant prudentes, étant donné les risques pris en l’occurrence. Il nous rend plus intelligents socialement et logiquement. Il faudrait le traduire en anglais, allemand, en espagnol, en italien et toutes les autres langues européennes., car il s’inscrit parfaitement dans le projet de « psychiatrie sociale » qui était celui d’Eric Berne .
Claudie Ramond, Docteur en Sciences de l’Education et TSTA .