J’aborde les conflits d’un point de vue dynamique : le conflit, pour moi, est un problème pour celui qui veut en sortir. Ce n’est pas un problème pour celui qui y trouve des stimulations, même s’il s’en plaint. Or l’approche habituelle est de considérer qu’il y a conflit quand deux personnes ou plus ont un problème entre elles et en sont conscientes. J’entre donc dans la résolution des conflits par la motivation à en sortir. Je mets en avant une manière de réfléchir et une méthode pour agir.
Le contenu du livre[1] :
J’utilise deux types de critères pour différencier les différents types de conflits.
- Le lieu du conflit
- Sa source et son moteur
Concernant le lieu du conflit, les conflits vont du conflit intrapsychique au conflit sociétal en passant par le niveau relationnel, groupal, organisationnel et institutionnel. Les conflits dans le groupe ou les conflits relationnels dissimulent souvent un conflit intrapsychique et le niveau groupal un conflit relationnel.
Pour avoir une chance de les résoudre, il faut identifier le niveau du conflit et être à la bonne place : s’il est intrapsychique, c’est à moi d’agir ; s’il est relationnel, c’est à moi de prendre l’initiative. Au-delà, tout dépend de mon rôle dans le groupe, l’organisation ou l’institution.
Une fois que je suis assuré(e) d’être à la bonne place, vient un moment d’analyse concernant la source de ces conflits. Ma grille de lecture utilise presque tous les concepts de l’AT, aussi bien pour l’analyse que pour la résolution. Je ne me limite pas au concept de jeu psychologique et aux transactions croisées.
Voici ma classification des sources de conflits :
- Les différences
- Concernant les besoins,
- le cadre de référence,
- les valeurs
- et les rôles
Les conflits internes sont concernés par tous ces aspects et pas seulement les conflits relationnels.
- Les habitudes relationnelles automatiques se manifestant par
- La relation de type symbiotique,
- Le parasitage
- Les jeux psychologiques
- L’intérêt
- La recherche du pouvoir
Pour chaque type, je propose une stratégie, ce qui me permet de développer l’importance de l’attitude OKE +/OKE +.
Je termine par la prévention des conflits et les situations de communication difficiles auxquelles personne n’échappe à un moment ou un autre.
La forme du livre :
Elle dépend de l’identité des lecteurs auxquels l’auteur s’adresse. Sur un sujet qui concerne tout le monde, j’ai choisi avec mon éditrice un type de livre accompagnant le lecteur dans sa découverte et de la complexité des conflits et de l’intérêt des grilles de l’A T pour les aborder avec succès. J’ai pu rester ainsi centrée sur la méthode et les outils intellectuels que nous apporte l’A.T..
Les illustrations et les applications[2] me viennent de ma pratique de superviseur et des exemples traités lors des nombreux stages et ateliers que j’ai animés sur ce sujet, dans des lieux très différents, avec des publics qui ne connaissaient parfois pas du tout d’analyse transactionnelle. J’ai utilisé aussi des exemples tirés des médias : hebdomadaires comme pour l’illustration de la méthode à propos de l’affaire du voile ; émissions de télévision comme « Super Nanny » ou « Nous avons échangé nos mamans !»
Ma motivation à écrire ce livre m’est venue d’un sentiment d’utilité car je constate quotidiennement que la vie en commun dans un espace démocratique nécessite des outils pour vivre en paix avec des voisins de plus en plus différents.
Dans ma conclusion, je me suis limitée au point de vue intéressant des lecteurs et lectrices soucieux d’améliorer leur vie quotidienne.
Mais, sur ce site fréquenté par des personnes s’intéressant tout particulièrement à l’A.T., je veux vous soumettre un prolongement de ma réflexion concernant notre présent et notre avenir.
Je me suis en effet demandé quelles pouvaient être les menaces les plus graves dans notre vie quotidienne en rapport avec un environnement nouveau. Et donc s’il existe de nouvelles manières d’être en conflit dans le contexte de ce début de 21ème siècle.
Les conflits de pouvoir et les conflits d’intérêts restent constants. Ils dominent dans la vie privée, publique (combats politiques et luttes sociales) et dans la vie internationale (conflits armés et guerre économique). Le facteur nouveau est le contexte : mondialisation et généralisation de l’information grâce à l’internet.
Nous vivons dans un monde ouvert où tout événement a des conséquences planétaires, ce qui peut nous laisser entrevoir la naissance de systèmes de régulation fondés sur la coopération des états pour éviter la destruction du système entier.
Les conflits liés à nos manières automatiques de fonctionner en tant qu’individus sont constants eux aussi. Ils concernent le cheminement depuis la dépendance du petit enfant jusqu’à la possibilité d’autonomie en tant qu’adulte. L’analyse transactionnelle nous en propose une bonne lecture. Elle nous propose aussi, pour y parvenir, une méthode de développement personnel qui s’appuie sur une philosophie humaniste et un modèle de communication interpersonnelle souple et efficace.
Les conflits dus aux différences, en revanche, ont tendance à prendre le pas sur les autres dans tous les domaines.Dans une société hétérogène et qui se veut égalitaire, la traduction concrète dans la vie quotidienne de l’influence des préjugés sexuels, raciaux et sociaux apparaît comme insupportable. Les signes de reconnaissance que la société adresse à ses élites vont toujours aux mêmes et chacun a ses raisons de se plaindre du décalage entre l’égalité rêvée et l’égalité réelle entre les citoyens, qu’il s’agisse des femmes, des personnes de milieux socialement défavorisés, ou des populations de couleur, là où elles sont minoritaires. La mixité sexuelle et la mixité sociale imposées par les réglementations sont des facteurs d’évolution de nos sociétés démocratiques. Elles agissent lentement sur les mentalités. Mais cette évolution est contrecarrée par les individus ou les groupes qui font passer en premier leur intérêt personnel. C’est ainsi que j’interprète en France le contournement de la carte scolaire, celui des lois sur le logement social ou sur la parité en politique. Chacun privilégie son intérêt sur le court terme ou le moyen terme. La recherche d’une plus grande équité vise le long terme. La situation est transposable au niveau international.
Les conflits dus aux oppositions de valeurs restent la source des affrontements les plus importants et la cause la plus courante de l’échec des négociations. Chacun inconsciemment est modelé par son héritage familial et culturel. Les préjugés (pré-jugé = jugé d’avance) concernent ce qui n’est pas remis en question, ce qui est inaccessible au doute. La variété des origines dans une société ouverte implique la multiplicité des préjugés non soumis à l’examen et sources d’opposition non négociable entre les individus.
Cette variété nous contraint pourtant à la tolérance, si nous voulons éviter le retour aux guerres civiles d’autrefois. Il s’agit de s’appuyer sur les éléments humanistes présents dans toutes les cultures plutôt que sur la méfiance de l’autre et le fanatisme.
Faire la paix est plus difficile que faire la guerre, y compris dans la vie de tous les jours. C’est un travail au quotidien, un ouvrage que nous devons chaque jour remettre sur le métier.
Paris, Septembre 2009
[1] Agnès Le Guernic : Sortir des conflits, Méthode et outils pratiques, avec l’analyse transactionnelle, InterEditions Paris, mai 2009.
[2] Vous pourrez en visionner quelques-unes sur le site pratiks.com, rubrique santépsycho, puis psychologie à propos des conflits au travail, dans son groupe d’amis, dans un couple à la retraite …