Je considère la délinquance non comme une maladie de la société que l’on pourrait guérir, mais comme une forme de vie en société qui fait l’objet d’un choix.
Ce choix est à traiter comme tel, sauf pour les enfants : ils peuvent bénéficier de conditions de vie ou subir des conditions de vie pour lesquelles ils n’ont pas eu à faire de choix. J’aime assez l’expression de « sauvageons » utilisée par un ancien ministre de l‘intérieur à propos de jeunes délinquants. Elle indique la nécessité d’intégrer dans la société en les éduquant du mieux possible ceux qui ont été négligés par leurs proches quelles qu’en soient les raisons. Des soins de bon jardinier permettront à ces plantes poussant tant bien que mal en milieu aride de se développer et de porter des fruits comme les autres.
Dans un pays en guerre, la délinquance la plus grave, l’exercice de l’assassinat, est général et subi par la majorité. Tout le monde a le permis de tuer et de détruire. Beaucoup l’utilisent. Beaucoup aussi conservent dans des situations extrêmes une éthique et une pratique humanistes et résistent à la barbarie ambiante. Même alors, le choix existe, l’humanité peut se manifester. Telle est du moins la conviction que j’ai tirée de mon expérience d’enfant ayant vécu en temps de guerre.
Dans les pays totalitaires, la délinquance est organisée au profit des maîtres au pouvoir qui utilisent largement leur permis de tuer et de détruire, en fonction de leurs intérêts. Il suffit de lire les journaux pour en trouver des exemples.
Dans nos pays démocratiques, la délinquance est circonscrite plus ou moins par la police et la justice. Il n’y a plus de permis de tuer, là où la peine de mort a été abolie. L’usage de la force reste aux mains de la justice et de la police, car la justice sans la force ne peut rien. C’est ce que disait Pascal et qui se remarque dans les pays dépourvus d’état.
Il n’empêche que les deux mondes coexistent chez nous, chacun avec son mode de vie.
– D’un côté, l’adhésion au droit du plus fort et aux actes qu’il entraîne : rackett, vol, assassinat, détournements, satisfaction de ses besoins aux dépens d’autrui, loi du silence, violences de toutes sortes. Il entraîne de vivre dans la peur, la méfiance, la dépendance, le chantage.
– De l’autre, le respect des lois et la civilité. Ce choix est naturel et facile pour un certain nombre de gens, relativement à l’abri et aspirant à la sécurité, plus difficile pour d’autres, ceux qui ont des difficultés économiques, ceux qui sont en situation irrégulière et qui aspirent tout autant à la sécurité. Je pense cependant que chacun fait des choix sans avoir toujours conscience de ce qu’ils impliquent. : le choix d’acheter des drogues illicites pour les consommer paraît anodin à certains. Il n’empêche que c’est une manière d’alimenter le trafic, d’entrer dans le monde des délinquants et de prendre le risque de subir ensuite ses règles. Le plaisir d’une pointe de vitesse sur la route est vécu comme une liberté, un risque passible d’une amende, mais le conducteur ne se voit pas comme un délinquant. S’il renverse un cycliste ou un piéton, le voilà d’un coup dans l’autre univers. Les jeux d’argent et la passion qu’ils peuvent entraîner peuvent aussi faire franchir la ligne. La frontière est poreuse, pas toujours claire. Le goût du risque, de défier l’ordre établi, de régler leurs comptes à leurs parents poussent certains adolescents à la délinquance, mais aussi la recherche de la protection des bandes.
On n’empêchera pas les deux mondes d’exister côte à côte, mais on peut aider les personnes à faire des choix positifs pour eux-mêmes et pour la société. C’est là qu’intervient l’éducation. C’est la tâche des parents, des enseignants, des éducateurs de profession, mais aussi des policiers, des magistrats et de tous les citoyens. Pour tous, le travail est aussi à faire sur soi-même toute sa vie.
On peut aussi lutter contre les conditions de vie indignes imposées à certains et contre les maltraitances vis à vis des faibles. Il faut dire haut et fort qu’un monde plus juste suppose les sanctions et la possibilité de rachat. Dans les films, les anciens taulards sortis de prison disent : « J’ai payé mes dettes à la société ». Il faut pouvoir être quitte.
L’ennui, c’est que cette tâche n’est jamais terminée et que ses résultats sont difficilement mesurables. L’impression de sécurité est très subjective. Tout travail d’éducation est un travail sans fin. C’est aussi l’affaire de tous. On ne peut s’en débarrasser sur autrui.
Bonjour madame,
Vous souvenez vous ? 1992-93 direction de l’école rue de Chabrol Paris 10ème. Pour ce qui me concerne vous restez très présente à mon souvenir. L’approche à l’analyse transactionnelle que vous aviez offerte malgré votre calendrier sans doute bien chargé, m’avait bien aidée.
Prise par le rythme de ma vie je n’ai pas pu approfondir ce domaine mais ma manière de réfléchir, de réagir, en a tiré profit. Grâce à votre site que je découvre aujourd’hui, je vais pouvoir alimenter mes « envies de comprendre » autrement qu’avec mes « marqueurs » spontanés et formatés par mes habitudes……
Je vous renouvelle l’invitation à venir dans la Drôme. Il nous est facile de vous recevoir. La maison, antre familiale depuis de nombreuses générations, a été modifiée et aménagée pour un accueil agréable pour tous. Mes 6 petits enfants aiment s’y retrouver.
Nous résidons dans la campagne du village d’UPIE, à 20 kms au sud-est de Valence. Nous sommes à 20 minutes de la gare TGV (2h15 de Paris gare de Lyon). Je ne vais pas vous raconter la région…il faut la voir et la « percevoir ».
Avec mon amical souvenir
Merci de me contacter après tout ce temps. Nous nous sommes connues en effet dans le cadre scolaire. J’avais organisé quelques séances d’initiation à l’analyse transactionnelle pour les directeurs sur leur temps libre. Mon expérience de cette époque a continué d’alimenter ma réflexion sur notre rôle par rapport aux générations montantes et à Chabrol on était au coeur du sujet!
J’espère bien que nous pourrons organiser une rencontre, mais plutôt au printemps.
Cordialement