Quatre types de blocage dans les apprentissages à l’école élémentaire et ensuite

Au moment des apprentissages fondamentaux : lire, écrire, compter, la pression sociale pour les résultats devient importante. En France, les enfants sont sommés d’apprendre à lire  l’année de leurs 6 ans, même quand ils ne sont pas prêts physiologiquement comme c’est parfois le cas des enfants nés en fin d’année. 
A partir de l’école élémentaire, apprendre et développer les compétences attendues réclame d’entrer dans l’activité, de faire des efforts sur la durée et de chercher toujours à s’améliorer[1].

Pour y parvenir, l’enfant est stimulé par le désir de faire plaisir aux adultes, sources de signes de reconnaissance.  Le plaisir personnel vient beaucoup plus tard, avec la facilité qu’on obtient grâce à l’entrainement.

L’influence de l’injonction « Ne réussis pas »

Comme toutes les injonctions, elle se transmet par les réactions non verbales des parents, interprétées par l’enfant. Les mimiques et les inflexions de la voix qui accompagnent les discours des parents forment  la composante non verbale des messages. Des injonctions annexes peuvent se rajouter : Ne pense pas, Ne grandis pas. Je me réfère pour cette partie aux travaux de Gysa Jaoui[2] et à son article « Des étapes pour réussir ».
Elle a relevé que les messages négatifs des parents concernant l’aptitude de leurs enfants à réussir prenaient des formes différentes.

dévalorisations des idées, des projets et des comportements d’un enfant, moqueries,

pressions perçues par lui comme envahissantes et tentatives de contrôle qui l’empêchent de penser par lui-même,

comparaison avec les autres, compétition forcenée

invitation à donner la priorité aux projets des parents avec le message « Les parents d’abord »

On peut donc faire le lien entre la forme prise par l’injonction et le driver dominant de l’enfant :

les moqueries entrainent le message Sois Fort,

les pressions le message Fais des efforts,

l’invitation à la compétition, le message Sois parfait

et la priorité donnée aux parents le message Fais plaisir.

·      Les conditions de la réussite

Pour comprendre comment on réussit et comment on échoue, Gysa Jaoui propose de regarder comment les personnes se situent dans un projet, ce qu’elle appelle « la boucle des réalisations ». Elle en explicite les différentes étapes.
Le déroulement  comprend :

la définition du projet,

sa mise en œuvre,

sa réalisation,

la satisfaction.

Réussir, suppose d’aller jusqu’à la satisfaction. Elle seule nourrit la personne et la motive pour s’engager dans un autre projet.

Les 4 blocages possibles :

Gysa Jaoui explique les différences de cheminement dans le projet par le type de personnalité et le driver dominant de la personne. Elle en tire la conclusion que l’intervention pertinente variera pour chaque personnalité. C’est ce que je propose d’appliquer au cas des petits élèves.

Les drivers se formulent sous la forme de « Tu es OK si.. » Le message donne à l’enfant des indications pour s’adapter au milieu. Ils protègent des injonctions et ils ont donc un aspect positif, mais, combinés  à l’injonction « Ne réussis pas », ils entraînent un blocage spécifique.

Chacune des 4 structures de personnalité bloque en effet à une étape différente de la boucle des réalisations. Chacune utilise une manière particulière de mettre en œuvre l’injonction « Ne réussis pas ». A chaque manière correspond une stratégie d’intervention qui contribuera à la qualité de la relation éducative.

La personne dominée par un driver « Sois Fort » (rêveur éveillé) fait des projets, mais elle ne les met pas en œuvre. L’injonction lui a été transmise par les dévalorisations et les moqueries de l’entourage quand elle était enfant. Elle est paralysée par la peur que les autres n’aient raison. Elle garde ses rêves pour elle. Le processus de défense est le retrait. L’excès de retrait conduit à l’isolement. Dans le déroulement du projet, elle s’arrête avant l’étape de la mise en œuvre.

Comment aborder les élèves qui s’isolent : La stratégie visera à les aider à exprimer leurs rêves en évitant soigneusement toute critique et toute ironie. Il s’agit de d’aider l’Enfant à réinvestir le projet et à l’aider ensuite à confronter son projet à la réalité avec des données Adultes.

La personne dominée par un driver « Fais des efforts » (Rebelle) a un objectif. Elle met en œuvre un projet, fait des efforts et y arrive presque. Sa dynamique personnelle est la résistance à la pression parentale vécue comme envahissante. Elle essaie, mais n’y arrive pas. Le processus de défense est la résistance automatique vécue comme garantissant la survie. Ces personnes ont besoin d’intégrer que c’est elles-mêmes qui ont intérêt à réussir. Il s’agit pour elles de réaliser des projets même si ça fait plaisir à leurs parents. L’excès de résistance est source de jeux psychologiques et d’évitement de l’activité. Dans le déroulement du projet, elle s’arrête avant l’étape de la réussite.

Comment aborder les élèves de type Rebelle ?

La stratégie consistera à éviter les objectifs en termes précis de changement  comportemental ou social et à rester au plan général en insistant sur le fait que c’est à eux de décider ce qui leur convient (caresser l’Enfant Rebelle en saluant leur énergie). Eviter la pression. Encourager la pensée. Le jour où ils réussissent même si leurs parents et leurs professeurs sont satisfaits, est un grand jour !

La personne dominée par le driver « Sois Parfait » (Bourreau de travail) oublie la 4ème étape. Elle a reçu le message : « Nous n’en attendions pas moins de toi ». Ses parents s’intéressaient aux réalisations de leur enfant mais ne manifestaient ni encouragement ni satisfaction. La barre était fixée toujours plus haut. Elle passe à un nouveau projet sans se donner le temps de ressentir la satisfaction. Le processus de défense est la compétition dans l’espoir d’obtenir enfin les signes de reconnaissance des parents. L’excès de compétition est source d’insatisfaction et d’épuisement. Dans le déroulement du projet, elle s’arrête avant l’étape de la satisfaction.

Comment aborder les élèves jamais satisfaits :

La stratégie vise à ce que la personne se donne la permission d’être satisfaite de ses réussites en s’appuyant sur le rôle moteur de la satisfaction et du plaisir de la réussite pour engager d’autres projets susceptibles de réussir. Elle peut apprendre à se donner des signes de reconnaissance pour ses réussites au lieu de se comparer avec ceux qui font mieux.

La personne dominée par un driver « Fais plaisir » (Empathique) réussit les projets inspirés par les autres. Elle n ‘en a pas de personnel. Elle a souvent reçu l’injonction « Ne sois pas toi-même » et l’injonction secondaire « N’aie pas de projet personnel ». Enfant, à la maison c’était « Les parents d’abord ! ». Le processus de défense est la suradaptation qui remplace l’adaptation positive ; la personne est sans cesse en quête de compliments. Dans le déroulement du projet, c’est comme si elle prenait le projet à l’étape 2, celui de la mise en œuvre, sans être passée par l’élaboration d’un projet personnel.

Comment aborder les élèves dépendants de l’adulte :

La stratégie consiste en un dosage de soutien et de confrontation. Ces personnes ont besoin de la permission d’être elles-mêmes et d’avoir des projets personnels.

·      Les domaines d’application du modèle :

A l’école, on voit bien les inconvénients d’un excès de retrait, de suradaptation, de résistance ou de compétition et l’intérêt d’une stratégie prenant en compte l’attitude différente des enfants face à l’apprentissage, dans une période où se fixent injonctions et permissions. Cette prise en compte permet de développer la qualité de la relation éducative.

Et les professeurs  quelles permissions pour eux?

Je propose de partir de ce qui leur est le plus difficile. En effet, ce sont généralement d’anciens bons élèves, très souvent sous l’influence d’un driver « Sois parfait ». On peut en déduire qu’ils ont besoin de la permission de faire des erreurs, d’être soumis au jugement et de supporter la critique, quand ils sont pris en défaut, de reconnaître leurs torts et leurs limites. Permission d’apprendre de leurs collègues et de leurs élèves, car on peut apprendre toute sa vie. Pratiquer l’AT suppose d’accepter d’être sous le regard de ses pairs, de s’enregistrer, de se faire superviser, d’utiliser les feed-back du groupe et de grandir avec les autres. A ce compte l’AT peut apporter aux professeurs aussi une meilleure réussite.

[1] Psychologue russe (1896-1934) Vygotsky affirme qu’il est bon de pousser les élèves à dépasser leurs compétences actuelles et à développer leur potentiel, en leur proposant de faire avec une aide des exercices un peu plus difficiles que ceux qu’ils maîtrisent quand ils sont seuls. Il écrivait en 1932 : « C’est par l’intermédiaire des autres, par l’intermédiaire de l’adulte que l’enfant s’engage dans ses activités. Absolument tout dans le comportement de l’enfant est fondu, enraciné dans le social… Ainsi, les relations de l’enfant avec la réalité sont dès le début des relations sociales ».

[2] Gysa Jaoui : Des étapes pour réussir, AAT juillet 1985 Vol. 9, N° 35

 

Open letter from Fanita English to Agnes Le Guernic

April 14, 2007

Dear Agnes,

It is only recently that I read your article, “Fairy Tales and Psychological Life Plans.” (Le Guernic, 2004). I became so enthusiastic about it that I am now writing you about it, even though I am a few years late.

You are kind enough to list my name among your references. Of course you refer only to items I contributed in French, whereas some of my writings which do not exist in French are even more pertinent to your thesis, that “fairy tales and stories nourish children’s imagination and give them material to use in building up their life plan”.

You write from the perspective of prevention, as an educator who has had access to children, all of whom are actually in the process of setting up their life plans.  You show how fairy tales and other stories have important functions and offer motivating factors that can further the positive development of a child.  This corresponds to what I increasingly saw from the perspective of a therapist working with clients retrospectively on stories that affected them in the course of growing up.

I came to realize that it is a fallacy to think of scripts as primarily negative.  In fact scripts have many dimensions, perhaps corresponding to the 31 functions you refer to. They offer essential structure for a growing child, even when some negative conditioning that may lead to harmful behavior or inappropriate expectations gets integrated into their personality. (I refer to these as archaic “survival conclusions”  that need to be re-evaluated in the light of present-day reality, quite distinctly from what may be a client’s script. English,  (1977, p.332).

Although my article on the case of Stella that you refer to still gives a negative connotation to scripts, originally the article was written in l973 for the Magazine “Psychology Today”.(English, l973/4)   Regrettably it did not appear in French until l992, so it is referenced by you with that date.  However by then I had considerably changed my outlook about scripts on the basis of additional clinical experience, precisely due to having heard about how various stories, including fairy tales, influenced my clients at different stages of their lives.   My “new script perspectives” were described in detail in l977 in my chapter entitled “What Shall I do Tomorrow?” in Graham Barnes’s book, “Transactional Analysis after Eric Berne” (English, l977, pp.338-345) There I also described an “exercise” which forms the basis of my script workshops, whereby we discuss different stories that made an impact on a given client at different stages of his/her life. Since then I have worked with as many as 2,000 workshop participants and heard many stories that had crucial impact on them.

Therefore, on the basis of clinical experience, I can heartily agree with what you write about “Fairy Tales and Psychology”.

This is also why, whenever I have the opportunity, I insist that scripts not be loosely referred to as synonyms for pathological patterns.  They are an integral part of our personality; they meet our “structure hunger” and support our development from childhood to old age.             Of course our life span carries ups and downs, as do fairy tales in the manner you so clearly describe. The question is:- at each point of our lives, how do we deal with the vicissitudes we face?  The tales that inspired our scripts often offered  models for courage, incentives and cooperation, thus hope for the future.

I have spelled out my thoughts on scripts in my article, “Whither scripts?” English, l988).  I suppose it might be more conciliatory to accept Cornell’s suggestion  as you describe it, namely “to use the term ‘psychological life plans’ for the healthy functional aspects of our personal reality, and  to keep the term ‘life scripts’ for pathological aspects of a person’s life “(Cornell, l988),  Except that Berne himself indicated that “scripts can be positive and bring on happiness” (Berne, l969) so I do not like the distorted assumption of equating scripts with pathology.

As you indicate,  “the stories in fairy tales and myths are concerned with both aspects” (of  positive and negative messages and experiences), as is reality for all children – and grownups – and actual life has to do with how the hero or heroine of one’s story manages to overcome obstacles in the course of growing to the mature “ok” position. In fact, I have developed the concept of a “fifth position”, namely “I’m ok you’re ok –for Real – or ”I’m ok you’re ok –Adult” (.English, l975) because obviously the infant’s original, euphoric  “ok” position  cannot be held throughout development, and   children must struggle with what you call ”raised and lowered positions” in developing their characters. Thus, I really like how you connect someone’s script with his/her life position, and how, additionally you distinguish between one’s life position (and/or character) and the different roles each of us may take on.

There is so much more in your article that I would love to discuss.  At this point I will simply say that I was happy to read your  effective presentation of the function of fairy tales in supporting children’s development, and  that I heartily concur with your inspiring “conclusion”.

Sincerely,

                                                                                     Fanita English

References.

Berne, E.  (l961) Transactional analysis in psychotherapy. New York: Grove Press

Berne, E. (l969) Personal communication, in conjunction with discussion on episcripts, which are pathological, by contrast to scripts

Cornell, W.F. (l988) Life script theory: A critical review from a developmental perspective.  Transactional Analysis Journal l8, 270-282

English, F. ( l973/74) Transactional Analysis and Script Analysis Today., in   Psychology Today Magazine, N.Y. April l973 – also in Readings in Psychology Today – CRM Publications, N.Y. l974

English, F. (l977) What shall I do tomorrow?  Reconceptualizing transactional analysis.  In G. Barnes (Ed),  Transactional Analysis after Eric Berne.  New York: Harper’s College Press.

English, F.  (l988) Whither Scripts? Transactional Analysis Journal 4, 294-303

Le Guernic, A. (2004) Fairy Tales and  Psychological Life Plans. Transactional Analysis Journal 34, 216-222.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les jeux psychologiques, les identifier et les éviter.

 Le  18 février 2010, il s’est passé une scène peu ordinaire sur France Inter. Deux journalistes ont essayé de faire prendre conscience à leur invité, Bernard Henri-Lévy, de l’irritation qu’il provoquait chez certains par son comportement. Le premier, Nicolas Demorand, lui a demandé s’il savait pourquoi il énervait les gens et le second a tenté de le lui expliquer. Ni l’un ni l’autre n’a réussi, mais la question est intéressante, quoique davantage traitée dans le cabinet du psychologue ou du coach qu’en direct sur une chaine de radio.

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