Suite à l’atelier sur « l’AT et les contes de fées » que j’ai conduit en 2000 au congrès mondial d’analyse transactionnelle, atelier qui l’a beaucoup intéressée, et à sa lecture des aventures d’Harry Potter, Trudi Newton, analyste transactionnelle britannique a publié dans le journal de l’association britannique d’AT un article intitulé : Harry Potter et la magie de l’écriture.
Elle remarque d’abord que les livres consacrés au héros Harry Potter paraissent en édition pour enfants et en édition pour adultes, avec des couvertures plus sobres, parce que les adultes ne veulent pas être vus plongés dans la lecture d’oeuvres destinés à des enfants de 9 ans et parce que les éditions pour adultes coûtent 2 shilling de plus. Elle se pose la question : Qu’est ce qui fait qu’on se donne tant de mal pour avoir ce livre?
Elle achète donc une édition pour enfants (de 2 livres sterling, la moins chère) et se trouve d’emblée “accro”: là se trouve un début de réponse . La suite lui a été révélée lors d’un atelier où fut exploré le lien entre Harry Potter et la théorie du scénario. L’article va exposer les découvertes faites au cours de ces ateliers , en particulier la découverte que la magie de Harry Potter et la magie du scénario sont étroitement liées, magie signifiant quelque chose de merveilleux, d’inattendu, peut-être à coup sûr “transformationnel”, plus que participant de l’émotion/ émoi. D’abord, les enseignants disent de ces livres qu’ils amènent à la lecture des enfants qui n’ont jamais eu envie de lire auparavant. On a même établi qu’ils avaient contribué à améliorer les capacités de lecture à un âge donné . Ils sont traduits dans de nombreuses langues et leurs ventes dépassent tout sauf la bible. Ils obtiennent des prix : huit au dernier décompte (Moore 1999). Chaque édition nationale a son artiste chargé de la couverture, dont certains comme Mary Grandpré aux USA sont devenus célèbres pour leurs illustrations des Harry Potter et font des signatures de livre à titre personnel. Que des millions de personnes se régalent à lire ces livres, qu’un éditeur promeuve habilement la derniére tocade à la mode n’explique pas tout. Trudi Newton pense que la lumiére de l’analyse transactionnelle peut nous offrir quelques aperçus sur ce qui reste à expliquer.
Un monde de sorciers :
Au début du premier tome , Harry, un petit sorcier orphelin de 11 mois, vient vivre chez ses oncles et tantes, les Dursley, qui ne sont pas enchantés de cette situation ; ils sont eux même très conventionnels et font beaucoup de mystères sur les parents de Harry. Pendant 10 ans Harry est maltraité par la famille. On le fait dormir dans le placard aménagé sous l’escalier, on l’habille de vieux vêtements d’occasion et on le nourrit chichement. En même temps le fils des Dursley, Dudley est gâté et choyé et son obésité contraste avec la maigreur de Harry, qui porte des lunettes. A l’approche du 11ème anniversaire de Harry, de mystérieux messages commencent à arriver . Ils sont tous détruits par M. Dursley, jusqu’à ce que finalement Harry soit sauvé par le monde de la sorcellerie et soit emmené à Hoggarts, une école pour jeunes sorciers. L’école est le cadre où se déroulent les aventures, Harry ayant une année de plus de livre en livre. Il découvre qu’il est célèbre dans le monde des sorciers parce que ses parents ont été tués par le plus malfaisant des sorciers, Voldemort qu’on a coutume de désigner par : “ vous savez qui”. Harry a survécu à l’attentat avec, pour seule trace , une cicatrice en forme d’éclair sur le front. Il découvre rapidement qu’il a de grands pouvoirs magiques et une aptitude au “quidddich”, sport compliqué que l’on pratique à califourchon sur des manches à balai . Ses exploits de sorcellerie se déroulent dans le cadre d’une année scolaire typique, avec ses trimestres, ses cours , les copains et les ennemis et les professeurs agréables ou redoutables.
Le mélange des genres.
Ce mélange , cet entrelacement de l’ordinaire et du fantastique est une part essentielle des histoires et de leur charme. Il est possible que le cotoiement des univers sorcier et “muggle” ( non sorcier ) avec le retour régulier de Harry à son domicile profane , chez les Dursleys à la fin de chaque année scolaire ( et de chaque tome) exerce un charme plus fort que d’autres histoires fantastiques dans lesquelles on n’entretient pas cette notion de lien ( entre réalité et fantasme). Les sessions de brainstorming en début d’atelier mettent en évidence à quel point le sentiment de “un pont entre les mondes”, de “fuite, magie et aventure” est contrebalancé par les aspects “ vrais problémes de jeunes “, “brutes dominatrices “, “enlève la peur” et “amitié “.
De plus Trudi pense que l’ auteur J.K Rolling s’intéresse de près aux enfants à ce qu’ils disent et qu’elle possède une manière de communiquer pleine de sensibilité. Ainsi les noms des élèves indiquent que l’école est multiculturelle , sans qu’elle le dise clairement. Le style est intelligent , structuré de façon compacte et logique, s’ adressant à un lecteur intelligent lui aussi. Les noms de certains personnages ont un sens subtil :Malfoy (mauvaise foi ), Voldemort (choisit la mort). D’autres sont euphoniques : Dumbledore, le professeur apparemment étourdi , Peeves le poltergeist mesquin. Slytherin, la maison “sournoise”.
Vérité des préoccupations.
Les centres d’intérêts entre Harry Potter et ses copains changent d’année en année en fonction de leur âge et de leur développement. Les parents d’Harry Potter sont morts et rien n’indique qu’ils puissent revenir à la vie . Le mal n’est ni adouci ni dilué dans les explications : il est là .
A ce stade Trudi souhaite parler des préoccupations qui se sont fait jour concernant les livres de Harry Potter . Elles se répartissent en trois groupes :
– Le danger qu’il y a à rendre séduisants des sorciers.
– L’aspect terrifiant de certains incidents.
– L’ironie manifestée à l’égard du monde ordinaire, c’est à dire du monde non sorcier.
Ce sont des sujets de discussion que l’on retrouve dans toutes les histoires pour enfants et adultes. Elle est certaine que des enfants qui se développent normalement, savent à coup sûr faire la différence entre la réalité et l’imaginaire .
Dans ces livres, l’imaginaire est utilisé de la même façon que dans les contes de fées traditionnels. C’est un moyen de faire passer une vérité sociale; les renseignements nécessaires sur le monde réel sont donnés . Les contes de fées contiennent eux aussi des scènes d’horreur dans leurs versions originales, non altérées: les soeurs de Cendrillon se coupant le talon, la belle mère de Blanche-Neige dansant à en mourir dans ses chaussures brûlantes . Il se peut , comme le suggère Bettelheim que beaucoup d’histoires modernes sont devenues trop neutres et timides pour avoir laissé de côté ces métaphores de ce qui constitue l’expérience humaine.
Trudi a toutefois une opposition : elle pense que la popularité de Harry Potter a fait que les histoires ont été lues et entendues par des enfants bien plus jeunes que ce qui était prévu (à partir de neuf ans) et certains de ces enfants n’auraient pas encore appris à distinguer l’imaginaire du réel et ne seraient pas encore capable d’affronter les scènes les plus terrifiantes . Les moqueries à l’égard des “muggles”, mis à part le cas des Dursley , ce qui est peu de chose, peuvent être prises trop au sérieux . Les enfants ont besoin de métaphores “ pour leurs tensions “ avec le monde des adultes. Elle espère que le message positif porté par les histoires d’Harry Potter et qui selon sa conviction dépasse de loin le message négatif sera mis en évidence par le reste de cet article .
Des personnages populaires
Nous voyons déjà que ces histoires exercent un attrait sur la personne entière , dans le temps où les enfants élaborent leurs propres panoplies d’états du moi . Il y a de la sécurité, de la cohérence et une structure claire, un monde reconnaissable qui correspond à la réalité vécue et une forte dose d’incitation à la créativité et de plaisir dans l’incident, l’émoi et parfois le danger.
En proposant de tels modèles, les histoires offrent un cadre pour l’apprentissage de la vie en société et permettent d’entendre des permissions et des assertions. Une partie de ceci émerge de la grande variété de personnages, bien plus riches et complexes que dans nombre de livres pour cette tranche d’âge. La demande faite aux participants aux ateliers de citer leurs personnages préférés donne des résultats intéressants. Peu de personnes choisissent Harry lui-même. Certains se voient en Ron Weasley, l’ami de Harry qui vient d’une famille chaleureuse et unie, qui ne comprend pas toujours ce qui se passe et subit les moqueries de certains condisciples parce que sa famille est pauvre. D’autres choisissent Hermione, l’autre membre du trio central une bonne élève futée qui révèle de nouvelles qualités dans chaque volume, tout en étant plutôt comme il faut et respectueuse des règles . Un autre personnage populaire est Hewid, la chouette apprivoisée de Harry , qui comme toutes les chouettes à Hogwarts, transporte des messages sur de longues distances . Hagrid, qui entretient les terrains de jeux de Hogwarts et enseigne l’art de soigner les créatures magiques est un ami plus âgé , un protecteur qui fait quelque peu figure de marginal dans l’école . Moins souvent choisis, nous trouvons Albertus Dumbledore, solide, fiable et un peu mystérieux, la directrice adjointe, le professeur Minerva Mc Gonagall, sévère mais compatissante, le chapeau de Tai une sorte d’intervention du destin au début de la carrière scolaire d’un élève et une foule d’autres qui tous peuvent être vus comme des représentations de certains aspects du moi .
“Qui suis je? “
Ceci donne une idée de l’éventail des personnages et de la profondeur de leur personnification . La plupart sont reconnaissables à bien des égards , mais “embellis “ ou exagérés dans leur rôle romanesque. Des éléments auxiliaires, comme des animaux, ont des rôles précis : messagers (les chouettes), transporteurs ( hypogriffs) et font preuve de compréhension mais ni ne parlent ni ne prennent une part active dans le drame qui se joue entre sorciers et humains. On a ici un contraste avec par exemple, le lion, la sorcière et la garde robe de C.S. Lewis, où, bien que les animaux aient leurs correspondants dans la partie “humaine” de l’histoire (avec Tolan le professeur) leur importance dans le drame tient dans leur rôle d’animaux . La cohérence logique et la cohésion – ce que j’appelle plus haut le coude à coude- facilitent l’identification et l’intégration scénarique des messages portés par les histoires. L’enfant qui entend ces histoires se demande “ qui suis je et que vais je faire ? “(English 1988 ).Toutes les décisions sont influencées par les histoires entendues dans notre enfance et elles peuvent être remises en cause à la lumière des histoires que nous racontons en tant que parents ou enseignants. Nous aussi nous entendons les histoires que nous sommes en train de lire ou raconter et notre Enfant est peut-être à l’écoute de nouvelles informations et assertions.
Analyse des contes de fée .
Avant de faire un examen détaillé de ceux-ci, je veux revenir aux personnages qui peuplent le monde de Harry et voir comment ils correspondent aux critères des contes de fée tels que Vladimir Propp les a proposés le premier en 1928 et aux rôles dans le triangle dramatique (Karpman 1968). Dans « Morphologie du conte », “Propp suggérait que les contes de fées ont une structure fixe et commune à tous et comportent sept personnages repérés : l’agresseur ou ennemi ( persécuteur ?) ; le donneur (pas forcément bon , peut-être le sauveur ) ; l’auxiliaire ( un objet magique , le génie de la lampe d’Aladin (etc) la princesse ou son père ( la source du pouvoir ) ; le héros (qui souvent commence dans le rôle de la victime ) et le faux héros . Au total il y a 31 fonctions possibles pour ces sept personnages comprenant le départ, le voyage , l’interdit (la pièce verrouillée, etc ) la marque du héros ( généralement dissimulée pendant la plus grande partie de l’histoire), la survie , les tâches imposées qui seront effectuées ou non , la recherche d’un objet (le graal), la reconnaissance ou la transformation.
Des métaphores souples .
Harry et ses amis peuvent être mis en regard des 7 rôles de Propp et de leurs fonctions . Harry est à coup sûr un héros mais son rôle est clair dès le début . Sa marque, la cicatrice en forme d’éclair, est visible de tous et dans le monde des sorciers tous savent l’importance qu’il a. Dans les deux premiers volumes , il n’y a ni voyage ni mission ;les tâches apparaissent comme des péripéties suscitées par la vie « normale » à Hogwarts et tiennent davantage des traditionnelles histoires d’école que des contes de fées. Dans le troisième volume, la tâche est plus sombre et plus personnelle . Elle concerne le parrain de Harry et la mort de ses parents. On y perçoit davantage une “mission ». Le quatrième livre comporte un mandataire précis ( Dumbledore ) et un auxiliaire (le gobelet de Feu). Les tâches que Harry entreprend sont bien plus clairement définies . C’est peut-être parce que Harry grandit : il a 14 ans dans la quatrième livre et si les missions des contes de fées et les graals représentent la quête de l’identité , il approche de l’âge où cette tâche est d’une importance capitale (Levin 1982. Clarke & Dawson 1998). Des agresseurs et des ennemis, on en trouve en foule ainsi qu’un grand nombre d’objets magiques. Toutefois ceux-ci sont souvent à la disposition de tous, plutôt que connus du seul héros, comme on pourrait s’y attendre dans une école de sorciers. Un certain nombre des 31 fonctions apparaissent dans les livres, mais peu d’entre elles jouent un rôle crucial dans la construction de l’histoire .
La conclusion de Trudi est que ces histoires, tout en comprenant des métaphores et des symboles pris dans les contes de fées, ne suivent pas un plan rigide établi, donc elles restent plus souples, plus ouvertes à des adaptations et des interprétations et aux réactions individuelles et à un usage inventif que beaucoup des contes traditionnels .
L’élaboration du scénario.
Ici Trudi met l’accent sur le rôle positif que jouent les histoires dans l’élaboration du scénario, s’inspirant des idées de F. English ( 88) et de P . Blackstone ( 93) concernant la débrouillardise et l’aptitude à rebondir de l’enfant quand il s’agit d’intégrer les informations protectrices et bénéfiques dans son scénario – et aussi de celles de K. Tudor & G . Summers (2000) sur le scénario comme processus continu cocréatif. Nous créons pour nous même à travers nos interactions avec les autres une histoire explicative qui protège le soi et lui donne des capacités autant que notre environnement individuel le permet. Lorsque cela est possible , nous actualisons et modifions l’histoire en fonction des modifications de notre situation. Nous le ferons d’une façon positive et libératrice si l’on nous offre précisément et avec intelligence des données stimulantes, encourageantes, exactes et plaisantes sur nous même et les autres, sans minimiser les risques et danger possibles, mais en donnant de l’espoir. Bettelheim (1978) annonce que les contes de fées interpellent différents niveaux de l’ expérience humaine; la perte, la séparation, les sentiments ambivalents etc.. et par là aide l’enfant à vivre avec la complexité et à organiser sa vie mentale et émotionnelle.
Cette élaboration positive et par étapes du scénario nous permet de développer et d’intégrer des rôles utiles et coopératifs tout autant que notre rôle préféré dans le triangle dramatique ( ou nos rôles). Nous opérons des choix, conscients ou non, sur lesquels nous jouerons notre rôle . Le Parent social et culturel transmet beaucoup de bon et utile par l’intermédiaire d’histoires traditionnelles ( ou nouvelles ). Les contes de fées contiennent des mises en garde et des modèles de conduite, comme les histoires modernes .
Le rôle de « Donneur » :
Agnès Le Guernic ( 2000) propose un triangle de rôles sociaux qui fait écho au triangle du “gagnant”(Choy, 1990) et d’autres “versions positives” du triangle dramatique ( Napper et Newton 2000). Ici, toutefois, il est en rapport avec les apprentissages des enfants et le développement de leur scénario. Le Guernic remplace le Persécuteur par le “Mandateur “ qui dirige et donne des instructions. Le Sauveteur par le “Donneur » qui offre aide et alliance , et la Victime par le « Héros » ou bénéficiaire qui reçoit l’aide et les conseils offerts. Beaucoup des personnages identifiés plus haut pourraient être vus comme le « donneur » dans le triangle social tournant . Ron , Hermione , Hedwig , Hagrid aident et soutiennent tous Harry dans ses “tâches » et la “mission » sous jacente. D’autres, comme Dumbledore et le professeur Mc Gonagall sont vus comme des “ mandateurs ». Harry devient, non la Victime, comme il peut l’être chez les Dusley, mais le héros et bénéficiaire, qui profite à la fois de ses propres forces et de l’aide et des conseils des autres .
Permissions et attributions
Nous pouvons donc nous demander si chaque histoire donne des modèles de rôle dramatique et de transactions à double fond, ou bien de schémas positifs permettant d’élaborer de l’expérience et de favoriser un développement sain . Que pouvons nous tirer des histoires de Harry Potter sous ce rapport? Voiçi quelques uns des messages ( permissions et affirmations) repérés par des participants aux ateliers : “ je peux le faire » ; « changer est possible » ; « nous pouvons compter sur nos amis » ; « il n’est pas nécessaire de tout faire par moi – même » ; « faites ce en quoi vous croyez » ; « le besoin de prendre des risques », « je serais reconnue », « le numéro deux peut avoir du succès », « Nous avons des forces cachées » ; « vous pouvez trouver ce dont vous avez besoin » ; « soyez une vraie personne » ; “ C’est OK de changer » ; « Ayez foi dans le processus ».
Pour revenir à la préoccupation de départ , qu’est ce qui explique le succès de ces histoires ? Trudi pense que les réponses se trouvent dans la capacité de Rowling à s’adresser à la personne toute entière, à créer une image cohérente d’un monde structuré qui est reconnaissable et passionnant, et à fournir un large éventail de modèles pour l’identification ou le changement. Elle pense que les livres d’Harrry Potter fournissent un important matériel pour la formation d’un scénario positif à l’âge où se développe l’identité sociale, pour favoriser une croissance saine, “normaliser” les rôles potentiels et préserver cet équilibre entre l’ordinaire et le fantastique dont nous avons tous besoin. Par dessus tout, ils sont stimulants, plaisants, fascinants et pour sa part, avec des millions de gens dans le monde, elle attend déjà la parution du prochain.
Paru dans le journal de l’ITA (TA UK), N° 59, au printemps 2001, suite à un atelier que Trudi Newton a suivi sur les contes de fées, atelier conduit par Agnès Le Guernic lors du congrès mondial d’analyse transactionnelle en 2000 à Paris.
Traduit par Michèle Gredelu pour Agnès Le Guernic.
Harry Potter and the magic of script by Trudi Newton
The first thing I remarked about the Harry Potter books was that the publishers were issuing an ‘adult’ as well as a children’s edition. These had a different, more soberly coloured cover, because so many grown-ups were reading the books and, the theory went, they didn’t like being seen on the train or in public immersed in a book intended for nine year-olds!
Potter’s magic
What, I wondered, was so remarkable about these stories that anyone would go to such trouble?
The next time I was in a bookshop, I examined the two editions-and found that, apart from the cover, the only difference was the price; two pounds more for the grown- ups’ version! I bought the kids’ edition and was instantly hooked. The question of what could account for such phenomenal success was partly answered. More of the answer came through exploring in workshops the connection between Harry Potter and script theory.
This article is the story of the discoveries made in those workshops and elsewhere; especially the discovery that the magic of Harry Potter and the magic of script are closely related – ‘magic’ meaning something wonderful, perhaps unexpected, and certainly transformational.
More than hype
First, some of the hype – positive hype. These books are said by teachers to get children reading who have never wanted to read before. They have even been linked to improvement in reading age.
They are translated into numerous languages and outsell everything
except the Bible; they win awards- eight at the last count (Moore 1999). Each national edition has its own cover artist, some of whom, like Mary Grandpré in the USA, have become famous through their Harry Potter illustrations and do their own book signings!
There is more to this than the simple fact that millions of people, of all ages, find the stories a great read, and more to it than a clever publisher pushing the latest fad. I think a transactional analysis perspective can offer some insights as to what that ‘more’ might be.
Wizard world
Let me give a brief summary for those who haven’t yet read the books. When the first one opens, Harry – an orphaned wizard baby of 11 months – comes to live with his relatives, the Dursleys. They are none too pleased about this, being very conventional, and also very secretive about Harry’s parents.
For 10 years Harry is treated badly by the family, made to sleep in the understairs cupboard, dressed in old, passed-on clothes, and is fed meagrely. Meanwhile, the Dursley’s own son Dudley is spoiled and petted, and grows grossly fat in contrast to Harry’s skinny, bespectacled appearance. As Harry’s 11th birthday approaches, mysterious messages begin to arrive. These are all destroyed by Mr Dursley until, finally, Harry is rescued by the wizard world and taken to Hogwarts, a school for young wizards.
The school is the setting for the adventures, with Harry a year older in each book. He finds that he is famous in the wizard world because his parents were killed by
the most evil wizard, Voldemort (usually referred to as ‘you-know- who’).
Harry survived the attack, with a lightning-shaped scar on his forehead the only result.
He soon discovers that he has great magical powers – and an aptitude for quidditch, a complex sport played on broomsticks. His wizarding exploits, however, are set in the context of a recognisable school year, with terms, lessons, friends and enemies, and both likeable and scary teachers.
Alongside-ness
This mixture, or mingling, of the ordinary and the fantastic is a key part of the stories and of their attraction.
The ‘alongside-ness’ of the wizard and the muggle (nonwizard) worlds, and Harry’s regular return to his mundane home with the Dursleys at the end of each summer term (and of each book), may have a greater appeal than other fantasy stories in which this sense of connectedness is not maintained.
Brainstorming ideas at the start of workshops shows how the sense of ‘a bridge between worlds’, of ‘escape, magic and adventure’ is balanced by ‘real kid problems’, ‘overcoming bullies’, ‘take out scare’ and ‘friendship’.
In addition, I think the author, J K Rowling, pays close attention to children, and to what they say, and has a sensitive way of communicating. For instance, the names of pupils indicates that the school is multicultural without her ever saying so. The style is intelligent and tightly and logically structured, treating the reader as intelligent, too.
The names of some characters have a subtle meaning : Malfoy (bad faith), Voldemort (choose death). Others are euphonious: Dumbledore, the seemingly absentminded headteacher; Peeves, the mean-minded poltergeist; Slytherin, the ‘sneaky’ house.
Genuine concerns
The interests and conversation of Harry and his peers change from year to year to reflect their age and development. There is consistency with reality. Harry’s parents are dead and there is no indication that they may come back to life. Evil is not softened or explained away-it exists.
At this point I want to address some of the concerns that have been expressed about the Harry Potter books. These fall into three areas: the danger of making wizards attractive; the scariness of some of the incidents; and the mocking of the normal (nonwizard) world.
These are things to debate about all stories for children (and grown- ups). I believe that children whose development is healthy can be trusted to know the difference between reality and fantasy. Fantasy in these books is used in the same way as in traditional fairytales- as a means of conveying a social truth. Necessary information is given about the real world.
Fairytales, too, often contain scenes of horror in their original, unmodified versions-Cinderella’s sisters cutting their feet, Snow White’s stepmother dancing to her death in red-hot shoes. It may be, as Bettelheim suggests, that many modern stories have become too bland and self-conscious in avoiding these metaphors for human experience.
I have one caveat, though; I think the popularity of Harry Potter has led to the stories being read or heard by children well below the intended age (nine plus), and some of these children will not yet have completed their learning about what is pretend and what is
real, nor be able yet to deal with the scarier scenes. The mocking of muggles (apart from the Dursleys, not very much anyway) can be taken too seriously; children need metaphors for their tensions with the grown-up world.
These concerns can be usefully discussed, in the context of the meaning and effect of stories; there is not space here for me to discuss them in detail. I hope my belief that the positive message of the Harry Potter stories far outweighs the negative will be clear from the rest of this article.
Popular characters
Already we can see that the stories appeal to the whole person as children build their own sets of ego states.
There is safety, consistency and clear structure, a recognisable world that checks out with experienced reality, and a great deal of creative stimulus and pleasure in incident, excitement and sometimes danger. Through offering such modelling the stories set a context for social learning and for hearing permissions and affirmations.
Some of this comes through the wide range of characters-far more extensive and complex than in many books for this age group. Asking workshop participants to identify their favourite characters has some interesting results. Few people choose Harry himself. Some see themselves as Ron Weasley, Harry’s friend, who comes from a warm, close family, doesn’t always understand what is going on, and is mocked by some schoolmates because his family are poor.
Others choose Hermione, the other member of the trio at the centre of the stories, a clever and studious girl who reveals new and surprising attributes in each book at the same time as being rather proper and law-abiding.
Another popular character is Hegwid, Harry’s pet owl, who, like all the owls at Hogwarts, carries
messages over long distances. Hagrid, the Hogwarts ‘groundsman’ and teacher of the care of magical creatures, is a protective older friend and something of an outsider at the school.
Less often chosen are Albertus Dumbledore (strong, reliable and rather mysterious), deputy headteacher Professor Minerva McGonagall (strict but sympathetic), the Sorting Hat (a kind of fateful intervention at the start of a pupil’s school career) and a host of others, all of whom can be seen as representing some aspect of the self.
‘Who am I?’
This gives an idea of the range of characters and the depth of characterisation.
Most are in many ways recognisable, but ‘brightened’ or exaggerated in their story role. Auxiliaries such as animals have clear roles-messengers (the owls), transport (hypogriffs) – and show understanding, but don’t speak or take an active role in the human/wizard drama being played out.
Here there is a strong contrast with, for instance, The Lion, the Witch and the Wardrobe, by C S Lewis, where, although animals may have counterparts in the ‘human’ part of the story (AsIan = the Professor), their importance in the drama is in their animal role. The consistency and connectedness in the Harry Potter books (which above I call ‘alongside –ness’) facilitates the identification and script integration of the messages the stories convey. The little person hearing these stories is asking himself/herself: ‘Who am I and what will I do?’ (English 1988). All decisions are influenced by the stories we hear as children – and can be reconsidered in the light of the stories we tell as parents, or as teachers. We are hearing the stories, too, as we tell or read them and our Child may be listening in TA UK No 59 Spring 2001 for new information and fresh affirmations.
Fairytale criteria
Before examining these in detail I want to return to the characters who populate Harry’s world and consider how they fit the fairytale criteria first suggested by Vladimir Propp in 1928, and roles in the Drama Triangle (Karpman 1968). In The Morphology of the Folktale Propp suggested that fairytales have a fixed, common structure and identified seven personages: the aggressor or antagonist (Persecutor?); the giver (not necessarily good, maybe Rescuer); the auxiliary (a magic object – Aladdin’s lamp genie, etc); the princess or her father (the source of power); the mandateur (sets the story in motion by initiating a mission or journey); the hero (often begins as Victim); and the false hero.
There are a total of 31 possible functions for these seven, including departure, journey, prohibition (locked room, etc), the mark of the hero (usually hidden for most of the story), survival, tasks set and accomplished or not, search for an object (the grail), recognition and transformation.
Flexible metaphors
So how do Harry and his friends compare with Propp’s seven roles and their functions?
Harry is certainly a hero, but his role is clear from the start. His ‘mark’, the lightning scar, is there for all to see and everyone in the wizard world knows how important he is. In the first two books there is no journey or mission; the tasks appear as adventures arising out of ‘normal’ life in Hogwarts, more in the tradition of school stories than fairytales.
In the third book the task is darker and more personal. It concerns Harry’s godfather and his parents’ death, and there is more sense of a ‘mission’. The fourth book has a clear mandateur (Dumbledore) and an auxiliary (the eponymous
Goblet of Fire). The ‘tasks’ Harry undertakes are much more clearly defined.
This may be because Harry is growing up – age 14 in book four – and if fairytale missions and grails represent the search for identity he is approaching an age where this task is of paramount importance (Levin 1982, Clarke & Dawson 1998).
Aggressors and antagonists there are in plenty, and a large number of magical objects. These are, however, often generally available rather than being known only to the hero-as one would expect in a school for wizards. A number of the 31 functions appear in the books, but few of them are crucial to the structure of the story.
My conclusion is that these stories, while including some fairytale metaphors and symbols, do not follow a rigid established formula. They therefore remain more flexible, more open to adaptation and interpretation and to individual response and creative use than many traditional fairytales.
Script formation
Here I want to emphasise the positive role of stories in script formation, drawing on the ideas of Fanita English (1988) and Peggy Blackstone (1993) on the resourcefulness and resilience of the little person in integrating protective and beneficial information into script and also Keith Tudor and Graeme Summers (2000) on script as a continuing cocreative process. We create for ourselves, through our interactions with others, an explanatory story that is as self-protecting and enabling as our individual context permits. When possible, we update and change the story as our circumstances change.
We will do this in a positive, liberating way if we are consistently and clearly offered inspiring, encouraging, accurate and enjoyable information about ourselves and other people,
information which does not minimise possible risk and danger, but does give hope.
Bettelheim (1978) suggests that fairytales address many levels of human experience – loss, separation, ambivalent feelings, etc – and so help the child to live with complexity and organise his or her mental and emotional life.
This positive take on script formation enables us to develop and integrate cooperative and useful social roles as well as our preferred Drama Triangle role(s). We make choices, conscious and unconscious, about which ones we will play out. The social and cultural Parent conveys much that is good and helpful through traditional (and new) stories. Fairytales carry warnings and models for behaviour; so do modern stories.
‘Giver’ role
Agnes Le Guernic (2000) proposes a triangle of social roles that has echoes of the Winner’s Triangle (Choy 1990) and other ‘positive versions’ of the Drama Triangle (Napper & Newton 2000). Here, though it is related to children’s learning and script development. Le Guernic replaces Persecutor with the mandateur who directs or instructs; Rescuer with the giver who offers help and alliance; and Victim with the hero or beneficiary who receives the offered help and direction.
Children learn to go from one role to another in everyday life. They do tasks, help smaller children, learn new things, and so gain experience of being in all the social roles.
Many of the characters identified above could be seen as the ‘giver’ on the social rote triangle. Ron, Hermione, Hedwig, Hagrid all help and support Harry in his ‘tasks’ and the underlying ‘mission’. Others such as Dumbledore and Professor McGonagall are seen as ‘mandateurs’. Harry becomes, not Victim, as he may be with the Dursleys, but the hero and
TA UK No 59 Spring 2001
beneficiary, who can draw on both his own strengths and the assistance and advocacy of others.
Permissions and affirmations
We can, therefore, ask of any story: Does it model drama roles and ulterior transactions, or positive constructs to build experience and promote healthy development?
How do the Harry Potter stories measure up? Here are some of the ‘messages’-permissions and affirmations – identified by workshop participants:
‘I can do it.’ ‘Change is possible.’ ‘We can rely on friends.’ ‘I don’t need to be able to do it all myself.’ ‘Do what you believe in.’ ‘Need to take risks.’ ‘I will be recognised.’ ‘The under-dog can triumph.’
‘We have hidden strengths.’ ‘You can find what you need.’ ‘Be a real person.’ ‘It’s OK to change.’ ‘Have faith in the process.’
To return to my question at the start: What can account for the success of these stories? I think the answers lie in Rowling’s ability to speak to the whole person, to
create a consistent picture of a structured world that is recognisable and exciting, and to provide a wide range of models for identification or change.
I think the Harry Potter books give ample material for positive script formation at an age of social development, promote healthy growth, ‘normalise’ potential roles, and maintain the healthy balance between the ordinary and the fantastic that we all need. Above all, they are stimulating, enjoyable and absorbing and I, with millions of people around the world, am already waiting for the next one.
References
Bettelheim, B (1978). The Uses of Enchantment, Penguin
Blackstone, Peggy (1993). The Dynamic Child: Integration of second- order structure, object relations and self-psychology, Transactional Analysis Journal 23:4
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Thanks to workshop participants in Leeds, Canterbury, Minneapolis & IpswichI am grateful to Agnes Le Guernic for inspiration from her workshop on fairytales (EATA, Paris 2000) and for directing me to the work of Vladimir Propp. Both of us use our story material to explore script construction and how ‘positive script’ is formed.
Trudi Newton is an Educational TSTA, works as a consultant for social services, educational and voluntary organisations, trains TA educators in the UK and in Eastern Europe and has an interest in radical approaches to learning and teaching.
TA UK No 59 Spring 2001