Trois visages, un film de Jafar Panahi

Une actrice iranienne très célèbre nommée Behnaz Jafari reçoit un jour une vidéo envoyée par une jeune fille, Marziyeh, qui s’est filmée en train de la supplier de lui venir en aide car elle veut être actrice mais sa famille refuse de la laisser faire des études. Ses parents ont décidé de la marier. Elle a accepté, en échange de l’autorisation de suivre son projet. Elle a passé un concours et a été retenue dans une école de cinéma, mais sa famille a refusé de la laisser partir. Elle ne voit pas d’autre solution que le suicide qu’elle met en scène et filme.

Behnaz, bouleversée et remplie de doutes demande à son ami réalisateur, Jafar Panahi, de l’emmener dans le village où vivait cette jeune fille afin d’apprendre ce qui lui était arrivé. Ils partent en voiture à la rencontre des habitants de ce village du nord ouest de l’Iran où l’on parle le turc et où l’on vit selon des règles anciennes, mais qui a été touché par la télévision et ses séries sentimentales si bien qu’ils y sont reconnus et qu’on accepte de répondre à leurs questions.

Il est fréquent en Iran que des jeunes gens en difficulté prennent contact avec des acteurs. Ce sont autant de nouveaux modèles pour les différentes générations. Jusqu’où l’influence de la télé peut-elle jouer sur la mentalité de ces paysans si attachés à leur mode de vie ? On le découvre dans ce film.

Dans cette histoire je vois une sorte de conte de fées iranien où une très jeune fille fait appel à la Marraine qu’elle s’est choisie, non pour pouvoir se marier comme Cendrillon, mais pour échapper au mariage et à la vie qui attend les femmes dans les campagnes. On y voit trois générations d’actrices. La plus jeune est à l’âge de la vidéo. La plus âgée qui a quitté les écrans et vit dans une grande solitude a fait une carrière brillante avant la révolution. Behnaz Jafari, elle, est au sommet de sa carrière. Ces femmes ont un pouvoir, celui de faire rêver une jeunesse qui refuse les limitations anciennes. Elles ont refusé une destinée de soumission au projet familial et se battent encore et encore pour vivre selon leur choix et accomplir leur propre rêve. L’homme qui les accompagne dans sa voiture est ouvert et bienveillant, un soutien discret et lucide.

Le village est celui du réalisateur-acteur. Il arrive à nous rendre ses habitants à la fois proches car ils sont très typés et lointains car ils appartiennent à un monde ancien. Certains abordent directement le problème de la place des femmes, indispensables dans cet univers rural mais qui ne veulent plus y rester et sont , on s’en rend compte , complices entre elles et solidaires. J’ai beaucoup aimé ce film.

 

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