Le travail d’écriture d’articles

Vous avez des idées. Vous les partagez avec vos collègues et les notez dans des carnets ou sur votre ordinateur et elles restent à l’état d’ébauche ! Vous vous sentez  pourtant motivé(e) pour aller plus loin. De quoi avez-vous besoin? D’une méthode de travail adaptée, car l’écriture est un travail particulier qui obéit à des règles.

 

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Réédition de « Sortir des conflits »

Les conflits sont le produit inévitable de la diversité humaine et chacun de nous a sa manière plus ou moins satisfaisante de les aborder. Pour ceux qui tiennent à ouvrir l’éventail de leurs choix, je propose dans cette deuxième édition de mon livre  « SORTIR DES CONFLITS, A chaque conflit, petit ou grand, sa solution » un parcours plus resserré en quatre étapes :

Lire plus loin

Comment se former à l’AT?

 

Voici quelles sont les étapes de la formation à l’analyse transactionnelle :

 Première étape : le 101

C’est un séminaire destiné à présenter les concepts de base de l’AT avant d’aborder une formation approfondie. Le contenu comprend la présentation des concepts fondamentaux et donne des renseignements historiques et bibliographiques : associations d’AT, prix Eric Berne. Il dure au minimum 12 heures et il est validé par une attestation officielle. Cette attestation en précise les modalités : soit la participation à un séminaire officiel de 101, soit la réponse aux dix questions écrites du 101 avec un total de 65 sur 100 points.

  • Dans le premier cas, la simple attestation suffit. Elle est signée par l’enseignant qui est au minimum instructeur de 101.
  • Dans le deuxième il faut témoigner par écrit de la compréhension de l’enseignement reçu. La correction des questions est faite par un CTA instructeur de 101, un PTSTA ou un TSTA.

L’attestation signée est envoyée ensuite ou non à l’association nationale d’AT qui peut la contresigner. Elle donne droit à l’inscription comme adhérent dans la catégorie de membre régulier (Regular Member).

Du 101 à la certification

Entre le 101 et la certification, il ‘existe pas de diplôme reconnu. La personne qui veut se former à l’AT  va suivre un enseignement de théorie avancée qui reprend les concepts du 101 de manière beaucoup plus approfondie. Dans les écoles on parle de cursus de théorie avancée ou parfois de 202. Cette partie est reconnue par toutes les écoles, du moment qu’elle a été assurée par un enseignant habilité par l’EATA et quelle a donné lieu à des attestations signées par le formateur.

La formation pratique se fait en groupe didactique généralement de la spécialité qu’on a choisie et en groupe de supervision. La formation en AT est en effet une spécialisation qui s’ajoute à la compétence professionnelle dans un métier. Les quatre champs sont ceux de la psychothérapie, de l’organisation, de l’éducation et de la guidance.

Pour présenter l’examen de certification, il faut choisir un sponsor parmi les PTSTA ou TSTA de son champ et signer avec lui un contrat valable 5 ans, renouvelable. Il accompagne l’étudiant jusqu’à la certification.

 Les prérequis à l’examen comprennent la formation théorique (600 heures dont 300 de formation spécifique à l’AT), la pratique professionnelle ( 750 heures de travail avec le client dont 500 au moins où le modèle de l’AT est utilisé)  et la supervision (150 heures dont 75 de supervision en AT. Sur ces 75 heures, 40 doivent être données par un superviseur principal.).

L’examen proprement dit comprend un écrit professionnel et un oral (entretien avec un jury et présentation de cassettes de son travail). L’écrit est envoyé au responsable des examens dans sa langue. L’oral est organisé avant les congrès des associations. Un calendrier mondial est publié dans les revues d’AT et sur les sites des associations (ITAA, EATA, IFAT etc.)

Comment devient-on formateur ?

  • Les instructeurs de 101 sont des certifiés qui ont animé un premier 101 en étant supervisés par un enseignant TSTA. Ils peuvent ensuite assurer des 101 officiels reconnus par les associations d’AT.
  • Les PTSTA sont des certifiés qui ont suivi un séminaire d’habilitation de 3 jours appelé T.E.W. (Training Endorsement Workshop), organisé par une équipe de formateurs dans le cadre de l’EATA, séminaire où ils ont pu tester leur capacité à enseigner l’AT et à superviser avec l’AT . Ce séminaire est le plus souvent en anglais avec traducteurs de différentes langues. Ils ont ensuite passé un contrat de formation avec un TSTA de leur champ, contrat valable 7 ans et renouvelable une fois.
  • Les TSTA ont réussi un triple examen organisé par l’EATA  ou l’ITAA au moment de leur congrès. Il comprend une partie générale, s’appuyant sur un dossier, un enseignement d’une question de 101 tirée au sort et un autre de théorie ou de pratique avancée et deux supervisions (dont une supervision de formateur). Les jurys sont internationaux. L’examen est en anglais avec traduction.

Les titres de CTA (certifié en AT) , PTSTA (Enseignant et Superviseur provisoire en AT) et TSTA (Enseignant et Superviseur en AT) sont suivis d’une lettre qui indique leur champ : P pour Psychothérapie ; E pour Education ; O pour Organisation et K pour Guidance.

Instructeurs de 101, PTSTA et TSTA doivent continuer d’adhérer à une association d’AT pour que leur signature soit reconnue pour la formation. Cette adhésion implique l’engagement à continuer à se former et à suivre le code éthique de l’EATA.

Je vous renvoie pour les autres précisions au manuel des examens dont vous trouverez la version française sur le site de l’IFAT.

 

Traiter les impasses en AT

Nous connaissons tous des dilemmes, quand nous sommes partagés entre nos besoins et nos obligations, nos désirs et nos valeurs; en termes d’AT notre Enfant et notre Parent par exemple. C’est le vas typique du conflit cornélien :  “Faut-il laisser un affront impuni? » (honneur, système de valeurs  des aristocrates) ou « Faut-il punir le père de Chimène” (peur de perdre l’amour, source de joie et de plaisir)

 Les impasses  en AT :

Le mot dit bien ce qu’il veut dire, le fait d’être bloqué entre deux forces égales et de n’avoir pas de possibilité d’avancer.
Chaque type d’impasse (il y en a trois) se traite d’une manière différente.

  •  l’impasse du premier degré, dite impasse d’autorité : Elle concerne P2 ET E2. Les messages contraires viennent du Parent et de l’Enfant et l’Adulte ne sait que faire. Ils  sont activés ici et maintenant sous l’influence d’une situation difficile mais sans forcément implication émotionnelle. Je citerai l’exemple donné par Watzlawick dans “Changements”(page 101) :

Lors d’une émeute parisienne au 19ème siècle, un officier reçut l’ordre de faire évacuer une place en tirant sur la “canaille”. Il ordonna à ses soldats de prendre position en mettant la foule en joue. A ce moment-là tandis qu’un grand silence se faisait, il sortit son épée et s’écria: “Mesdames, Messieurs, j’ai reçu l’ordre de tirer sur la canaille. Mais comme je vois devant moi beaucoup de citoyens honnêtes et respectables, je leur demande de partir pour que je puisse faire titrer sans risque sur la canaille”. La place fut vidée en quelques minutes.

  •  L’impasse du deuxième degré, dite l’impasse de survie, concerne des messages anciens inscrits dans le scénario de la personne et qui la bloquent. C’est le cas lorsqu’une personne a la possibilité concrète de réaliser un rêve et qu’elle sabote cette réalisation sous l’influence d’une injonction : “Ne réussis pas”. L’impasse se situe entre P1 et E1. L’injonction inscrite dans E1 s’oppose par exemple à un message inscrit dans P1 du type “Tu es OK si tu fais honneur à tes parents en travaillant dur”. La personne a travaillé dur, elle va pouvoir souffler un peu, mais elle tombe malade ou a un problème.

Certains enfants peuvent se trouver coincés entre le message : “Intègre-toi” et le message “Ne nous dépasse pas, ne trahis pas les tiens”. C’est pourquoi certains enfants ne s’autorisant pas à dépasser leurs parents analphabètes, n’acquièrent pas la lecture, ce qui désespère les parents. J’ai vu une situation se débloquer quand le père a appris à lire. Face à ce conflit interne les choix faits par les personnes peuvent être différents : on peut décider de s’intégrer pour certaines choses et pas pour d’autres et de dépasser ses parents dans les domaines jugés  moins importants. Il y a implication émotionnelle dans l’impasse du deuxième degré à l’inverse de celle du premier degré. C’est pourquoi ces situations se travaillent en thérapie.

  •  L’impasse du troisième degré dite impasse d’identité, se situe entre l’Enfant Libre et l’Enfant Adapté : Fille ou garçon, du côté de ma mère ou du côté de mon père, avec ce besoin qui est le mien ou qui appartient à ma mère. Sont concernées par l’impasse d’identité les personnes dont la mère pendant la gestation a vécu des situations traumatisantes (bombardements, stress suite à un deuil) et qui sont handicapées par des émotions sans rapport avec la réalité. sont concernés aussi les enfants métis, dont on dit parfois qu’ils ne savent pas qui ils sont. Ils ont comme chacun de nous mais de manière plus visible et plus douloureuse à faire le choix de ce qu’ils veulent être.

Dilemmes et analyse structurale :

Les dilemmes s’expliquent par la manière dont nous avons intégré ou non les messages  que nous avons reçus dans notre enfance et notre adolescence et que nous véhiculons ensuite comme père et mère de famille. Ces messages sont parfois en opposition.

Dans notre Parent se trouve notre héritage culturel et familial ainsi que l’héritage idéologique.

Une personne qui a enregistré dans son Parent la manière dont on doit procéder dans telle et telle circonstance, comment on doit élever ses enfants, se comporter en société, les métiers qui conviennent à un homme, à une femme ETC…peut se trouver en conflit entre ses deux cultures, celle de son père et celle de sa mère.

L’opposition peut se situer aussi entre la manière de se comporter de ses parents en famille et celle du milieu extérieur dans la société où ils vivent, comme c’est le cas des enfants d’immigrés. Les adultes sont sous l’influence de ces enregistrements qui conditionnent leurs choix et leur posent problème quand ils s’opposent.

Des valeurs opposées concernant le rôle de l’école coexistent entre enseignants mais aussi à l’intérieur de chaque enseignant : l’école est-elle faite pour épanouir les enfants ou pour leur permettre de s’adapter au monde extérieur, ce qui se traduit par l’opposition : culture générale/ boulot à la sortie, épanouissement/adaptation.

Par rapport à la violence physique, on peut envoyer à son fils confronté à des agressions les messages simultanés :” reste dans ton droit et ne te bagarre pas”. Derrière le message “Ne te bagarre pas”, il y peut y avoir la peur de l’accident mortel, idée qu’on s’est faite ou qu’on  a reçue de ses propres parents que le monde est dangereux. Une autre mère ou un autre père dira : “Si on t’attaque, réplique et fais toi respecter au besoin par les coups!”

Dans notre Enfant, nous avons enregistré des messages contradictoires de ce type, par rapport à la réussite, à la santé aux représentations de la famille :”dans notre famille on est intelligent, on est des manuels, on sait faire avec l’argent..” Tu as le droit à la réussite, la santé, l’amour.. Mais on a peut-être entendu aussi les craintes des parents : “ si tu montes socialement tu nous abandonneras! tu nous mépriseras” ou leurs menaces : “tu ne peux pas être une fille et choisir un métier, sinon gare!” . Ces messages opposés peuvent venir l’un du père, l’autre de la mère.

Au niveau de nos désirs et de nos besoins, les conflits internes sont nombreux, en particulier concernant l’amour et le pouvoir  ou l’influence. Dans la vie quotidienne, on dit parfois qu’on veut le beurre et l’argent du beurre. Watzlawick l’illustre de manière intéressante en citant le conte de “La femme de Bath” de Chaucer (Contes de Canterbury). Ce conte pose la question de ce que veulent les femmes. La réponse est qu’elles ne veulent pas choisir entre l’amour de leur amant et sa fidélité. En revanche elles veulent rester libres. On peut ajouter qu’elles ne veulent pas choisir entre l’amour et le pouvoir, les enfants et la profession. La plupart de nos dilemmes sont tels.

Nous cherchons à en sortir en conciliant les contraires de manière créative si possible. C’était le cas de l’officier partagé entre ses scrupules  et l’ordre de ses supérieurs.

Alors que le travail sur les impasses se fait en thérapie et aboutit normalement à une redécision, il est possible cependant d’aborder ces conflits internes : exploration de ses valeurs ou de ses  désirs contradictoires en restant dans l’ici et maintenant (travail de 2 ou 3 chaises, travail sur les différentes parties du moi en PNL).

 

Analyser et résoudre les jeux de pouvoir

 

Ils disent comment on obtient quelque chose contre le gré d’autrui.

Selon Claude Steiner :

  • Les jeux de pouvoir peuvent être actifs : on obtient satisfaction en attaquant. L’énergie est dans le Parent. On reproduit des modèles.
  • Les jeux de pouvoir peuvent aussi être passifs :  on obtient satisfaction en utilisant les stratégies de la passivité. L’énergie est dans l’Enfant. On reproduit les stratégies de l’enfance, qui peuvent aussi être des modèles (Enfant dans le Parent). Ils sont peu développés par Claude Steiner.

Les jeux de pouvoir physiques utilisent les moyens physiques

Les jeux de pouvoir psychologiques utilisent les ressources mentales et verbales.

Dans les deux cas, ils peuvent être

  • manifestes (ou grossiers) : on cherche à contrôler l’autre sans masquer la manoeuvre autoritaire.
  • ou subtils : l’efficacité de la manoeuvre dépend de sa dissimulation. Le but est caché.

Les jeux de pouvoir actifs : l’énergie est dans le Parent

1 – L’exercice manifeste du pouvoir physique :

 Il comprend le meurtre, le viol, la torture, la privation de nourriture, la médication forcée, les coups, les bousculades, l’envoi de projectiles, les portes claquées. Le but est de supprimer toute résistance chez l’autre ou de l’intimider dans le meilleur des cas.

Cet exercice est quotidien même dans les périodes de paix et dans les démocraties. C’est la violence ordinaire qui s’exerce contre les faibles : les enfants, les vieillards, les pauvres, les femmes, les personnes différentes. Il suffit de lire les journaux pour en trouver des exemples. L’objectif est de susciter chez l’autre  la peur et la soumission.

2 – L’exercice subtil du pouvoir physique :

Alors que dans les jeux de pouvoir physiques grossiers, le but est manifeste, dans les jeux de pouvoir subtils, il est caché.

  • Une personne utilise son corps pour influencer l’autre : il peut utiliser sa taille pour dominer l’autre ou envahir son espace physique. Claude Steiner cite les comportements qui apparaissent aux femmes comme faisant partie du comportement masculin normal comme de guider une femme en la tenant par le coude dans les lieux publics, de lui tenir la main, de la précéder. Il dit que s’ils étaient inversés et s’appliquaient aux hommes, ils seraient perçus comme insupportables.  Claude Steiner est féministe et le revendique.
  • Le harcèlement sexuel est un jeu de pouvoir physique subtil. Au niveau social, les messages sont professionnels et au niveau du corps toutes les indications vont dans le sens de la séduction et de la pression sur l’autre.
  • Les placements stratégiques dos à la fenêtre (on voit et on est mal vu), au milieu d’une pièce font partie des ressources possibles pour garder le contrôle et intimider autrui. L’estrade au-delà de son côté fonctionnel symbolisait le statut des professeurs face aux élèves. On n’en voit plus guère. Mais que dire des signes discrets du pouvoir que sont les vêtements luxueux, l’épaisseur de la moquette dans le bureau du haut responsable, les chaussures sur mesure, la montre hors de prix? Ce sont des indicateurs de statut comme les sirènes et les gyrophares des voiture de la police ou les motards qui accompagnent en cortège l’homme politique . Ils créent les conditions de la soumission.

3 – Les jeux de pouvoir psychologiques manifestes :

 La manoeuvre est grossière.

Sont utilisées les techniques psychologiques de domination qui reposent sur l’obéissance des partenaires : menaces visant à susciter chez l’autre non plus la peur physique, mais le doute (peur d’avoir tort), la culpabilité (peur d’être en faute) ou des peurs plus archaïques : peur d’être abandonné ou rejeté.

Ils comprennent aussi la séduction par des cajoleries, les promesses, mensonges, tentatives de persuasion : “c’est la meilleure chose à faire, après vous serez tranquille, tout sera fini”.

 Le but est de venir à bout de la résistance de l’autre sans avoir à utiliser la force physique.

Les moyens sont les regards menaçants, les propos mensongers, les interruptions de la parole, le fait d’ignorer quelqu’un comme s’il n’était pas là. On reconnait les méthodes de la drague, mais aussi du harcèlement. En cas de refus, c’est le dénigrement rageur. Combien de femmes qui avaient dit “non”, se sont entendu traiter de “frigides” ou “mal baisées”.

4 – Les jeux de pouvoir psychologiques  subtils :

Le but est caché et la majeure partie des indices échappe à l’attention tout en créant des tensions : mensonges par omission, humour sarcastique, métaphores dévalorisantes, commérages, utilisation de statistiques inventées pour l’occasion, fausse logique. Au niveau du langage, on trouve tout ce qui fait obstacle à la pensée comme l’abus de négations qui crée l’incertitude et débranche l’état du moi Adulte. Ainsi l’expression  “vous n’êtes pas sans savoir” qui se transforme parfois de manière absurde en “vous n’êtes pas sans ignorer” illustre la manière dont on embrouille très vite les gens.

Les messages paradoxaux, le jargon, la langue de bois, la propagande et la désinformation en font partie.

Les jeux de pouvoir passifs : l’énergie est dans l’Enfant;

Les jeux de pouvoir que nous avons évoqués précédemment sont utilisés de manière agressive, en attaquant, depuis une position haute (voir la théorie de l’école de Palo Alto). Mais il existe aussi des jeux de pouvoir passifs où les personnes essaient d’obtenir ce qu’elles veulent par les stratégies de la passivité, depuis une position basse. Les comportements de passivité systématiques deviennent des moyens de faire plier l’autre.

ex :  ne pas répondre au téléphone

Il existe quatre sortes de comportements passifs : ne rien faire, se suradapter, c’est à dire en faire trop, s’agiter, agir avec violence contre l’autre ou contre soi.

Ces comportements se retrouvent dans la vie sociale en cas de déséquilibre des forces entre deux groupes en conflit. En premier, “on fait le mort” (ne rien faire).  C’est l’équivalent de la grève avec arrêt de travail ou de l’occupation passive des lieux publics comme le préconisait Gandhi. En faire trop (se suradapter), c’est faire la grève du zèle, comme les douaniers en ont souvent donné l’exemple aux frontières. Protester, argumenter à l’infini, c’est s’agiter, comme dans les manifestations de rue. La violence passive, c’est la violence contre soi-même : le suicide et l’immolation par le feu. L’attentat suicide tel qu’il s’est développé ces dernières décennies réunit les deux volets : violence contre soi et contre les autres. On peut considérer ces stratégies comme les moyens de pouvoir des faibles.

Dans la vie privée, certaines personnes prolongent les stratégies de l’enfance et utilisent les jeux de pouvoir passifs pour obtenir ce qu’elles veulent.

Etude de quelques cas de jeux de pouvoir

  • Premier cas : dans un couple

Dialogue  entre Laura et son compagnon, Pierre.  Il commence :

– Allons au cinéma ce soir!

– J’aimerais mieux aller danser!

– Et bien moi, je veux aller au cinéma! Peut-être que je vais devoir y aller tout seul?

Ne viens pas te plaindre après que nous ne passons pas assez de temps ensemble!

La manœuvre consiste à créer la culpabilité : si l’autre ne cède pas , il sera responsable d’avoir compromis le climat du couple. Le thème de l’échange est “C’est tout ou rien”. L’autre est invité à renoncer à sa préférence. La question d’une négociation n’est pas envisagée. La relation est fondée sur le rapport de force, le bras de fer. Le plus faible cédera le premier.

Quels sont les choix possibles pour Laura ?

Laura obéit et renonce. Elle accepte la position de dominée. Pierre a réussi. C’est le choix de la soumission.

Elle escalade, ce qui est une réponse compétitive et perpétue le jeu :

– Bien sûr que tu peux y aller tout seul. En revanche je suis sûre que Georges sera ravi de m’emmener danser. Qu’est-ce que tu en dis?

Pour résoudre le problème, deux pistes :

Elle  choisit la coopération et cherche une zone commune de prise en compte des besoins de chacun :

– J’ai envie de bouger et aussi d’être avec toi. Si je vais au cinéma avec toi maintenant, est-ce que tu es d’accord pour m’accompagner demain à la sauterie chez Nadine?

En cas de refus de coopération et de maintien du tout ou rien, elle cherche l’antithèse au jeu de pouvoir : celle-ci consiste à renoncer à un bien rendu rare. C’est une sorte d’auto-défense. A la réplique :

– Si tu veux me voir , il n’y a pas d’autre solution., elle peut répondre :

– J’ai très envie de te voir, mais je n’y trouve pas mon compte. Je préfère renoncer pour ce soir.

Ce type de réplique neutralise le jeu et crée une situation différente où tout peut redevenir possible si l’investissement affectif est suffisant, mais avec le risque d’une rupture qu’il faut assumer. Ceux qui enclenchent des jeux de pouvoir jouent sur la peur de manquer d’attention, d’amour, de présence. Ils utilisent la situation de monopole.  Être l’unique source de plaisir, de gratification permet de contrôler l’autre.

  • Deuxième cas : la stagiaire en formation

 Les professionnels chargés d’évaluer les personnes en formation sont parfois tentés de jouer de leur position. Ainsi des stagiaires en dernière année de formation se préparent pour l’examen dans le cadre d’un entretien – bilan portant sur le mémoire qui va être remis, mais qui peut encore être retouché. Deux formateurs accueillent une stagiaire. L’un d’eux l’accable de critiques sur elle-même (elle n’est pas sérieuse, elle est désinvolte), sur son travail (il est négligé) et la déstabilise complètement. L’autre ne dit rien. Elle s’effondre en larmes. Elle en sort pleine de colère et avec l’impression qu’elle va échouer à l’examen. La relation dissymétrique n’est pas remise en cause. Elle se laisse dominer.

Dans une telle situation comment envisager la coopération ? Comment reprendre l’initiative? Le point clé de ce genre de situation est le rôle professionnel et le contrat de séance. Comme les systémiciens s’appuient sur “la bonne intention”, dans le cas d’un jeu de pouvoir il ne sert à rien d’accuser l’autre d’être méchant et persécuteur. Il vaut mieux jouer le jeu de la situation : le formateur accomplit sa tâche en pointant les faiblesses du travail. La première chose est de reconnaître son rôle et d’ accepter les remarques, de demander des conseils, de  remercier pour les conseils, bref de collaborer.

Si la persécution ne cesse pas, il importe de vérifier qu’on est bien dans un entretien destiné à aider les stagiaires à réussir l’examen, ce qui est aussi l’intérêt de l’institution. Chacun joue son rôle dans le jeu professionnel. Rappeler tranquillement le rôle de chacun et le contrat qui lie les uns et les autres est une intervention puissante. Ici les formateurs étaient payés pour entraîner les stagiaires avant les examens, pas pour les démoraliser.

La démarche de coopération consiste donc  à faire alliance avec la partie de la personne qui est bonne. C’est en général celle qui cherche à jouer son rôle : chacun de nous cherche à être un bon parent, un bon formateur, un bon professionnel, une personne sensible à l’intérêt de l’organisation, de l’institution. Toucher cette fibre débouche sur la coopération.

  • Troisième cas : le théâtre ou la grammaire ?

 Une institutrice désireuse de faire du théâtre dans sa classe entre avec les parents d’élèves dans une logique de “Tout ou rien”. Elle leur annonce que pour qu’elle puisse prendre le temps d’animer les séances de théâtre, il est indispensable que les parents se chargent complètement de l’enseignement de la grammaire. Elle ne peut dit-elle assurer les deux. Il faut choisir. Une mère d’élève fait une objection et est aussitôt cataloguée d’ “hostile au projet théâtre”.

La réponse d’antithèse consisterait  à dire par exemple :

– Ce projet de théâtre dans la classe est un projet formidable. Mais le coût est trop élevé. Je préfère que mon enfant bénéficie en classe de tout l’enseignement prévu.

 Il vaut mieux en effet éviter d’entrer dans des discussions autour de la compétence des parents à enseigner la grammaire, de l’obligation de l’institutrice de suivre le programme, de sa manière de se débarrasser d’un enseignement qui ne lui plaît peut-être pas. Ce serait entrer dans une dynamique de compétition où chacun chercherait à avoir raison sur l’autre. C’est de l’énergie perdue. La position haute de l’institutrice dans ce domaine lui assure la victoire finale. Les parents en effet sur un sujet mineur préfèrent ne pas attaquer de front de peur de nuire à leur enfant.

  • Quatrième cas : le harcèlement moral en entreprise comme mode de gestion des licenciements :

Dans le milieu de l’entreprise et dans les institutions, le harcèlement moral s’analyse aussi comme un jeu de pouvoir. Il est courant qu’une personne en position de force utilise sa position pour obtenir le départ d’un collaborateur, pour le discréditer, le pousser à bout. La démarche est délibérée.

 Le patron de Julien a décidé de se séparer de lui. Or son ancienneté dans l’entreprise lui donne droit à des indemnités de licenciement importantes qu’on pense pouvoir économiser en le mettant au placard et en le poussant au départ. Julien résiste au prix d’un dommage psychologique important : humiliations, attaques de mauvaises foi, mensonges qui entament l’estime de soi. Il reste cependant  jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause et un licenciement avec indemnités et la prise en charge financière d’un bilan professionnel. Mais il subit le poids de ces moments terribles. Dans le cas de Julien, il a été pris dans un jeu de pouvoir de deuxième degré. S’il avait été plus fragile ou moins soutenu par son entourage, on  pouvait déboucher sur un jeu de troisième degré, avec dépression ou accident.

 Que conseiller dans ce cas? Se soumettre, c’est abandonner ses intérêts. Tenir bon, c’est se soumettre à un stress important. Il est donc utile de se faire aider psychologiquement (alliance avec des personnes compétentes) pour tenir bon et soutenir la partie du moi la plus sensible aux mauvais traitements et à la critique, l’état du moi Enfant. Garder l’Adulte aux commandes, analyser les manœuvres, observer comment fonctionne le système, prendre des notes, confronter son expérience avec celle d’autres personnes dans un cadre protecteur sont des moyens de garder la tête hors de l’eau et de s’en tirer au meilleur compte quand on est en position de victime dans un rapport de force désavantageux.

Vous doutez que ce soit possible? C’est pourtant ainsi que se sont battues les déportées du camp de Ravensbrük ainsi que le raconte Germaine Tillion (Fragments de vie, Points Essais). Comprendre le système concentrationnaire, observer, obtenir de l’information et se la transmettre ont constitué la démarche solidaire et intelligente qui a permis à ces femmes de tenir dans des conditions extrêmes.

Dans les jeux  de pouvoir de troisième degré, un des protagonistes s’attaque à L’Enfant de l’autre qu’il tente de terroriser et de déstabiliser. D’où l’importance de gérer au mieux sa peur et sa colère, de refuser la culpabilité et de mobiliser l’Adulte en utilisant sa capacité de penser et de réfléchir.

– Je comprends que nos intérêts sont opposés. Je défends les miens, mais il n’est pas question  que je prenne en plus la responsabilité de ce qui se passe.

– Je suis d’accord sur l’intérêt de votre projet, mais comme il me nuit, je défendrai mes intérêts.

Bibliographie :

Claude Steiner : L’autre face du pouvoir,  DDB

Claude Steiner : Un antidote à l’autoritarisme : les 7 sources du pouvoir AAT 46